voir:
http://www.cyberpresse.ca/la-voix-de-lest/opinions/courrier-des-lecteurs/201102/12/01-4369623-danger-gaz-de-schiste.php
Lettre d'opinion, publiée le 12 février 2011, journal "La Voix de l'Est", en Montérégie (Granby)--sur la rive sud de Montréal
TITRE: "DANGER: gaz de schiste!"
La Presse publiait mardi, 8 février, en page A8, un article extrêmement troublant intitulé «Un éminent géologue sonne l'alarme». Ses propos sont suffisamment inquiétants et crédibles pour ramener les Nathalie Normandeau et autres développeurs à courte vue à la réalité.
VOIR:
http://www.cyberpresse.ca/environnement/dossiers/gaz-de-schiste/201102/08/01-4367957-un-eminent-geologue-sonne-lalarme.php
Marc Durand, un géologue à la retraite et un concitoyen puisqu'il habite Shefford, connaît très bien la géologie du sud du Québec, en particulier le shale d'Utica, vaste formation minérale de 10 000 km2 qui renferme le gisement gazier.
Il affirme que si nous allons de l'avant avec l'exploitation du gaz de schiste, nous risquons d'être au prise avec un problème de pollution de la nappe phréatique à grande échelle et à perpétuité, le shale d'Utica servant de barrière géologique contre les couches inférieures plus profondes qui contiennent, selon le chercheur, de l'eau de «10 à 12 fois plus saline» que l'eau de mer.
Si l'on fracture le shale d'Utica pour extraire du gaz, cette couche va devenir perméable et ce ne sera qu'une question de temps avant que les eaux très salines trouvent leur chemin vers la surface, contaminant de manière irréversible les eaux souterraines qui alimentent les innombrables puits qui servent la population de la plaine du Saint-Laurent. Sans parler des produits chimiques hautement toxiques injectés sous pression dans le sol pour extraire le gaz de la roche qui vont y demeurer et se déplacer au gré des fractures naturelles de la roche.
Quand cela se produira, l'industrie d'extraction du gaz aura plié bagage depuis longtemps et il sera très difficile de faire le lien entre cette exploitation et le désastre écologique qui surviendra. Aussi, les garanties de l'industrie ne valent rien sur une échelle de temps de plus de 50 ans.
Selon M. Durand, l'industrie «applique de tout temps et partout une approche selon laquelle on préfère prendre le risque de payer après coup pour des dommages» plutôt que d'investir des sommes importantes pour garantir la sécurité des forages. On en a eu un exemple choquant l'été dernier dans le Golfe du Mexique avec la marée noire.
J'ajouterais une autre source d'inquiétude dont on ne parle à peu près pas: la dégradation que cette exploitation va causer à une des plus belles et des plus fertiles régions du Québec, berceau de la nation, façonnée par nos traditions culturales. Avec un puits au kilomètre carré, cela totalisera environ 10 000 forages qui transformeront la Vallée du Saint-Laurent en un vaste gruyère.
Non seulement ça va laisser des cicatrices sur le paysage dans cette région emblématique, mais imaginez tout ce que cette industrie va charrier avec elle!
Le bruit de milliers de camions qui vont parcourir chaque jour des petites routes auparavant pittoresques et paisibles, transportant des quantités phénoménales de matières toxiques avec les risques que cela implique. Sans parler des pipelines pour transporter le gaz qui vont lacérer le paysage.
Tout cela va affecter la qualité de vie des habitants de ces secteurs au point où beaucoup d'entre eux n'auront d'autre choix que de fuir, abandonnant leur rêve de retour à la campagne ou d'une retraite paisible dans un milieu de vie sain. Il est à craindre que l'exploitation des gaz de schiste à grande échelle dans la vallée du Saint-Laurent réduise à presque néant tous les efforts de revitalisation, de stimulation de la relève en agriculture et de mise en valeur touristique d'une région si riche en patrimoine et en paysages grandioses.
Je n'ai aucune confiance en la ministre Normandeau, qui démontre une insensibilité et un entêtement inquiétants dans ce dossier. La plus élémentaire prudence commanderait un arrêt complet des forages et la publication d'un portrait complet et détaillé du plan de développement de l'industrie du gaz de schiste, incluant les routes empruntées, la taille et le nombre des bassins de stockage des eaux contaminées, la fréquence des transports lourds et le tracé des lignes de transport du gaz. Je vous garantis que personne ne voudra de ça dans son environnement.
L'extraction des combustibles fossiles se fait dans des conditions de plus en plus risquées, conséquence d'un honteux gaspillage. Le secteur des énergies connaîtra des bouleversements majeurs dans la prochaine décennie. Le gaz de schiste est probablement une énergie de transition qui n'aura plus autant d'intérêt dans le monde de demain.
Pourquoi gâcher un si beau milieu de vie pour ça? Le jeu en vaut-il la chandelle?
Jean-Thomas Bédard, cinéaste
St-Joachim-de-Shefford
FIN DU TEXTE
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Sujet: Gaz de schiste: DANGER!!!!