Il est très rare que des journalistes québécois s'intéressent au sujet délicat de la francophonie hors-Québec. Julie Barlow et Jean-Benoît Nadeau du magazine québécois de l'Actualité le font en signant l'article de l'Association de la presse francophone (APF): La vraie francophonie canadienne, cela dans le cadre du lancement de leur tout dernier livre: La Grande aventure de la langue française : De Charlemagne au Cirque du Soleil.
Bravo d'abord pour prendre intérêt et position, ce que bien peu hélas font... Le couple parle "d'une conception plus inclusive de la francophonie [qui]comporte des risques, mais elle est beaucoup plus porteuse". Le grand défi consisterait à "celui de la distribution de la culture au sens le plus large du terme. Culture avec un grand C, mais aussi petit c – même la section affaires d’un journal est culturelle: [...], un journal local comme L’Express du Pacifique n’a pas un marché local potentiel de 60 000 personnes, mais bien davantage de 150 000 personnes..." Par ailleurs, les francophones du Canada, qu’ils soient « de souche » ou « néo », participent au contraire d’une communauté de 200 millions de personnes". L'article conclut ainsi: Bref, la francophonie canadienne a de quoi se rendre intéressante pour elle-même et pour les autres, mais c’est à condition de sortir de ses ornières.
Hmm. Que signifie au juste "sortir de ses ornières"? Que la francophonie ne soit plus exclusivement conçue à partir de références du milieu majoritaire d'origine qui ne sont plus pertinentes en milieu minoritaire??? Le coup de pinceau de la francophonie en milieu minoritaire semble en être un de rouleau condescendant, selon le Canard etk. Le couple Barlow/Nadeau s'est-il lui même sorti de ses ornières passées quant à ce qui se passe en milieu minoritaire? Peut-être qu'avant de prétendre à un marché de 150000 personnes, il faudrait que le marché de 60000 appuie davantage ce journal et que les francos cessent de se désincarner et délocaliser en "citoyens du monde" et autres expats. Pas fort pour un francophile, si les francophones ne s'appuient pas d'abord, en commençant par la francophonie dite organisée! Le couple de "rechercheurs" bénificierait de séjours prolongés en milieu minoritaire hors des chemins battus de la "francophonie officielle" afin de comprendre davantage les problèmes de "la vraie francophonie canadienne", s'il en est une. Le compte-rendu du livre est à suivre...hors des ornières!
Sujet: "La vraie francophonie canadienne"