Le journal Le Devoir publie une lettre ouverte à Guy Fournier, président du conseil d'administration de Radio-Canada en réponse à la commotion suscitée contre le parti pris apparemment "pro-séparatiste" de Radio-Canada. En voici les fragments:
Certes, il y a eu les protestions d'usage des dirigeants de notre société d'État et les formulations en langue de bois des journalistes. Je résume la position de ces derniers ainsi : «le rôle des journalistes est de refléter les différents points de vue et non de prendre position». ... Ne cachant pas depuis longtemps ma préférence pour les marchés et ma méfiance à l'égard de l'État-producteur, mon point de vue néo-libéral est très loin d'être adéquatement représenté sur les ondes de la société dont vous présidez le conseil d'administration. Et, à cet égard, vos journalistes et animateurs, contrairement à leurs prétentions, ne reflètent pas le point de vue néo-libéral pourtant partagé par une portion non négligeable de la population. [...]
Les sujets traités m'intéressent, le peu ou pas de publicité est un réel atout, et les animateurs sont de toute première qualité, en dépit de leur parti pris. Mon constat est général et universel; j'ai même parfois l'impression qu'une nouvelle religion, pro-séparatiste, gauchiste, pro-syndicale et anti-business s'est installée et qu'on ne peut dire la messe à Radio-Canada sans prêcher ces canons. Hors de ces paramètres, point de concession à l'objectivité. [...]
La prétention d'objectivité des journalistes est elle aussi déclaratoire, et il convient de la tester. [...]Bien souvent, la subjectivité des animateurs est sournoise. Le choix des invités donne à ceux-ci une apparente caution. [...]Peut-être est-il normal que ces gens expriment leur préférence idéologique, mais encore faudrait-il que leurs points de vue ne soient pas un critère d'embauche. [...]
Vous comprenez maintenant pourquoi je vous recommande d'élargir la portée de vos propos concernant les idées préconçues à Radio-Canada. Que doit-on faire ? Il me semble qu'il est de votre devoir et de celui de votre conseil d'administration d'assurer un temps d'antenne raisonnable aux différents points de vue qui ont leur écho dans la société.
Le Canard se demande quels sont les préjugés, les critères d'embauche et les points-de-vue non représentés dans le hors-Québec? N'y-en-a-t'il pas enne doze énébeaudé quaire? C'en était un à tout le moins en provenance d'un média alternatif.
En voici un deuxième: Radio-Canada hors-Québec devrait reconnaître des médias véritablement alternatifs pour représenter adéquatement les différents points de vue puisqu'ils sont présentement incapables de le faire, peu importe les raisons. Ignorer ces médias de façon aussi flagrante contribuerait-t-il à leur légitimité? Graham Fraser parlait du manque de "visibilité" parmi les francos. Allez-vous rallumer les lumières? Et les francos le remarqueront-ils?