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 M. Yves Leterme devant Le Grand Liège

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rafan
Vicomte
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MessageSujet: M. Yves Leterme devant Le Grand Liège   M. Yves Leterme devant Le Grand Liège EmptyVen 28 Avr 2006, 06:57

Chers Tous,
Voici la première partie du discours prononcé par M. Yves Leterme, ministre-président de Flandre.
Bonne lecture
Bien à Vous
Rafan

Monsieur le Président,
Mesdames, Messieurs,

C'est un véritable plaisir pour moi de pouvoir vous adresser la parole ce soir. L'occasion m'est ainsi offerte de vous exposer de manière sereine et étayée ma vision sur la Flandre, la Wallonie et notre avenir commun. Un responsable politique flamand a rarement l'occasion de s'exprimer devant un public wallon et l'inverse est malheureusement tout aussi vrai. En effet, le canal le plus fréquemment utilisé par les politiques flamands pour s'adresser à la communauté francophone est celui des journaux, de la télévision et de l'Internet. Tout individu qui se base exclusivement sur ces quelques compte-rendus ou réflexions comme référence, doit bien être conscient du fait qu'il existe aussi un autre mode de communication qui ne se limite pas aux slogans, aux " one-liners " ni aux caricatures réciproques.

Lorsque, à la fin de l'année dernière, j'ai confirmé avec grand plaisir ma volonté d'être ici présent aujourd'hui, je ne pouvais pas encore prédire qu'une éminente dame liégeoise lancerait, pas plus tard que la semaine dernière, des avertissements à l'égard de ma personne. Permettez-moi toutefois de rassurer l'audience ici présente : je ne suis pas un séparatiste, et vous aurez constaté que je n'ai pas vraiment le physique d'un homme dangereux.

Je me réjouis dès lors sincèrement de l'occasion qui m'est offerte ce soir d'échanger de vues avec vous.

Pas plus tard que ce WE, j'ai souligné à la télévision flamande que toute personne préoccupée par l'avenir de notre pays - peu importe que ce soit Bruxelles, la Flandre occidentale ou Liège - ne peut plus considérer les analyses et les propositions de réforme sous le seul angle du scénario communautaire classique, basé exclusivement sur des oppositions en matière de langue et d'institutions.

Vous savez que la Flandre a entamé plusieurs réflexions sur un fonctionnement plus efficace de notre Etat fédéral, des régions et des communautés. Cela ne saurait toutefois être un but en soi. Je suis convaincu que tant en Flandre qu'en Wallonie, la viabilité économique et sociale des deux régions constitue une priorité absolue. Des initiatives visant à renforcer la prospérité des deux régions, et par extension, de l'ensemble du pays, ne doivent dès lors pas mener vers une sorte de " strip-tease " caricatural du pays, voire une appréhension mal fondée au plan communautaire. Non, ces initiatives doivent précisément être évaluées quant à leurs propres mérites et leur valeur ajoutée.

Je plaide dès lors pour une objectivation de ce débat, qui doit viser en premier lieu à apporter une réponse à nos défis communs en matière socioéconomique. Tel est aussi l'objet de mon intervention de ce soir.

Quelle est la situation actuelle en Flandre ?

Nous nous trouvons à un moment-charnière pour notre économie et notre société. La Flandre va bien. Notre revenu pro capita se range parmi les plus élevés au monde, nous disposons de bonnes structures sociales, notre performance économique est relativement bonne. Nous affichons aujourd'hui un taux de chômage modéré et le chômage structurel reste faible. Et malgré tout cela, il y a de quoi s'inquiéter. Car, ne pas avancer, c'est reculer. Force est de constater que nos principaux partenaires commerciaux passent à une vitesse supérieure, tandis que nous tendons à nous enliser. La prospérité n'est pas un automatisme.


Les défis que la Flandre doit relever se situent dans différents domaines :

Il ressort de plusieurs rapports sur la compétitivité de l'économie flamande que la Flandre commence à accuser un retard substantiel par rapport aux fortes régions de croissance en Europe.
Trop souvent il a été affirmé que la Flandre est un pionnier dans ce qu'on appelle les nouvelles économies. Mais la majeure partie des secteurs flamands se retrouvent dans le segment low-tech. Nous ne sommes donc pas suffisamment spécialisés dans les secteurs vraiment de pointe ou de haute technologie, ce qui est pourtant nécessaire pour sauvegarder notre position concurrentielle. Seul 1 entrepreneur sur 4 crée une entreprise novatrice en Flandre.
Une récente enquête de Cushman & Wakerfield, une agence internationale spécialisée dans l'immobilier commercial, corroborée par plusieurs analyses de l'OCDE, démontre que la Flandre ne parvient pas à tirer suffisamment profit de ses solides atouts logistiques. La pression fiscale et le coût salarial ont un effet dissuasif sur les entreprises candidates à l'investissement en Flandre.
En Flandre, le problème du vieillissement de la population se pose avec plus d'acuité encore qu'en Belgique francophone. Cela a des répercussions sur la disponibilité de main d'œuvre pour le marché du travail de l'avenir, mais crée aussi de plus en plus de contraintes dans le secteur des soins.
L'enseignement flamand continue à produire un nombre trop important de travailleurs non qualifiés.
La Flandre connaît donc elle aussi ses problèmes.

Nous ne parvenons pas à faire croître notre économie à un rythme suffisant ni à traduire la croissance que nous connaissons actuellement en création d'emplois. En Flandre aussi, la mobilité sur le marché de l'emploi pourrait être améliorée. En Flandre aussi, les coûts peuvent être mieux gérés. En Flandre aussi, la lutte contre les abus peut être optimalisée.

Je qualifie régulièrement le Gouvernement flamand de " gouvernement d'investissement ". L'année passée, le Gouvernement flamand a établi un budget pluriannuel qui prévoit un chiffre global de 6.145,9 millions € d'investissement pour cette législature dont environ la moitié par le biais d'un financement alternatif.

Durant le premier tiers de cette législature, nous avons pris des mesures susceptibles d'avoir un impact favorable sur le climat d'entreprise. Des mesures qui doivent aider les citoyens à ne pas s'y perdre dans les formalités administratives et qui doivent leur donner le courage de fonder une entreprise (guichet unique). Des mesures qui doivent aider les gens à prendre le risque d'investir - et il est absolument indispensable qu'on ose à nouveau prendre des risques car sans risque, pas de progrès (l'accès au capital à risque).

Mais pour investir dans notre avenir, une approche globale et coordonnée s'impose. Aujourd'hui, nous préparons activement un " business plan Flandre " par lequel nous voulons rentabiliser au maximum les atouts de la Flandre. En ayant confiance dans la force des hommes et des talents, par la valorisation qualitative de notre situation favorable et nos réseaux logistiques et la création d'une innovation réelle dans les secteurs économiques.

Mesdames, Messieurs,

Il va de soi que la Flandre suit avec grand intérêt la situation socio-économique en Wallonie.


Il ne m'appartient évidemment pas, ni à moi ni au Gouvernement flamand, de définir les mesures à prendre pour la Wallonie ; cette tâche incombe aux décideurs Wallons. D'autre part, il est logique que dans un pays fédéral, fondé sur un système complexe de solidarité, le voisin soit attentif aux analyses qui sont dressées concernant la situation en Wallonie et aussi à l'impact de la politique des régions sur le niveau fédéral.

Fin mars, l'Institut des Comptes nationaux a publié les nouveaux comptes régionaux, la comptabilité en quelque sorte de l'activité économique par région, avec des chiffres jusqu'en 2004.

Nous y observons des écarts socioéconomiques importants, au niveau de l'accroissement de la prospérité, de la structure des économies régionales, du marché de l'emploi, des salaires et de la productivité.

En matière de croissance, force est de constater que la Wallonie n'affiche toujours pas une croissance supérieure à celle de la Flandre. Sur la période 1995-2004, la Flandre a enregistré une croissance cumulative de 20.8 % par rapport à 15 ,5 % en Wallonie. Pas plus tard que la semaine dernière, l'Union wallonne des entreprises a souligné que depuis 2000, l'économie wallonne ne parvient pas à suivre le rythme de croissance européen. Si la Wallonie veut s'aligner à long terme sur la Flandre en termes de PIB par habitant, la croissance devra au moins se multiplier par un facteur 1,4.
Le quota d'investissements en Wallonie est nettement inférieur au quota flamand ; durant la période 1995-2003, les investissements n'ont pas connu de croissance supérieure à celle enregistrée en Flandre. Le taux d'investissement est trop faible pour enclencher une dynamique de croissance vraiment suffisante.
Durant la période 1995-2003, le fossé entre la Flandre et la Wallonie n'a cessé de se creuser en termes de revenu primaire et disponible, de cotisations sociales et d'impôts.
Les coûts salariaux moyens par travailleur sont en Flandre 8 % plus élevés qu'en Wallonie mais la productivité y est 12 % supérieure. De ce fait, les coûts salariaux par unité de produit sont en Flandre environ 3 % moins élevés. En Wallonie, le coût salarial augmente presque aussi rapidement qu'en Flandre.
Notons toutefois que les coûts salariaux par travailleur dans le secteur public ne se différencient pratiquement pas, ce qui rend les emplois auprès des services publics en Wallonie plus attrayants, tout en entravant la modération salariale dans le secteur privé.
A cet égard, il convient de souligner en outre que la Wallonie est caractérisée par un secteur public relativement grand et un " secteur ouvert " relativement petit : en 2003, 21,9 % de l'emploi wallon se situait dans le secteur public (hors Bruxelles), contre 15,2 % en Flandre.
En Flandre, le taux d'activité est plus élevé qu'il y a 50 ans et se situe presque au même niveau qu'à la fin des " Golden Sixties " ; il n'est guère moins élevé qu'au début de la crise économique en 1973 (64,8 % contre 64 %), tandis que la Wallonie passe durant cette même période de 60,3 % à 55,5 %. A l'heure qu'il est, la différence avec la Wallonie est de 8,5 % par rapport à 4,5 % en 1973.
Ces chiffres témoignent d'un écart croissant entre la Flandre et la Wallonie. Et des différences s'observent aussi dans d'autres domaines. En matière de soins de santé, la consommation médicale est tout à fait différente : ainsi, 47 % des Flamands ont un médecin de famille désigné avec un dossier médical global, pour seulement 17 % du côté Francophones ; de plus, en Wallonie, la priorité va vers la médecine spécialisée. En outre, la Wallonie se trouve également confrontée à un déficit de qualification et de formation plus important, comme en témoigne l'étude OCDE-PISA de 2005, ce qui a d'ailleurs été récemment confirmé par le professeur Deschamps.

Suite dans le deuxième partie


Dernière édition par le Sam 29 Avr 2006, 09:13, édité 1 fois
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rafan
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MessageSujet: Re: M. Yves Leterme devant Le Grand Liège   M. Yves Leterme devant Le Grand Liège EmptyVen 28 Avr 2006, 07:03

Deuxième partie du discours de M. Yves Leterme


Mesdames, Messieurs,

On affirme souvent que la Flandre souhaite simplement utiliser ces chiffres pour " son propre agenda ". Rien n'est moins vrai. Ce dont il s'agit, c'est d'identifier les causes de ces différences. Comment se fait-il qu'une seule et même politique fédérale puisse aboutir à des écarts aussi importants ? Comment expliquer que les instruments et compétences actuels au niveau régional ne permettent pas de faire la différence ? Est-ce dû à une différente culture en matière d'emploi et d'esprit d'entreprise ? La politique fédérale n'est-elle pas adaptée aux besoins wallons ? Les plans d'action des décideurs politiques prennent-ils suffisamment en compte les compétences non régionales telles que enseignement et formation ? Ces plans d'action, prévoient-ils suffisamment de moyens ?

La réponse à toutes ces questions doit sans aucun doute être cherchée dans une combinaison de plusieurs facteurs.

En Flandre, nous suivons avec grand intérêt les initiatives qui sont adoptées en Wallonie, allant du Contrat d'avenir en 1999 jusqu'au récent Plan Marshall.

Vraisemblablement, les résultats ne sont pas toujours proportionnels aux efforts consentis. Mon collègue, le ministre Jean-Claude Marcourt, a récemment dit devant cette même assemblée : " J'ai dit que Liège devait saisir l'opportunité du plan Marshall mais qu'il ne faillait évidemment pas s'arrêter là. Le plan Marshall, c'est un plus qui s'ajoute au reste. "

Je suis plutôt tenté de me rallier à l'affirmation du ministre Marcourt qui souligne que les plans d'action ponctuels ne suffisent pas à eux seuls. Une approche structurelle s'impose. Ce constat s'applique à la Flandre comme à la Wallonie. Nous devons revoir de manière ouverte et objective les instruments socioéconomiques dont disposent les régions aujourd'hui, mais nous devons aussi mettre sur pied un système moderne et réciproque de " checks and balances " socio-économiques.

Comment atteindre cet objectif ?

La vraie réponse à nos défis socioéconomiques dans un monde globalisant peut à mon avis s'articuler autour des axes suivants :

Une objectivation des mécanismes de solidarité
La mise en place d'un 'fédéralisme responsable'
Davantage de leviers socioéconomiques pour les régions
Une mobilisation de l'ensemble des acteurs socioéconomiques
Le débat ne peut être utile que dans la mesure où les interlocuteurs disposent d'informations correctes.
La discussion sur les " transferts " entre les régions et le niveau fédéral se mène souvent de manière artificielle et polarisante. Ce qui importe en premier lieu, c'est d'appréhender ces transferts de manière objective. Tout comme c'était auparavant le cas au niveau européen, la non-disponibilité et le caractère non public de ces chiffres sont source de nombreux malentendus injustifiés.

Pour cette raison, une commission scientifique a été créée à mon initiative en juillet de l'année dernier, une commission composée d'éminents académiciens néerlandophones et francophones. La commission a pour mission de valider en toute indépendance une étude existante de l'administration flamande des Finances quant à la méthode utilisée pour quantifier ces transferts. J'espère recevoir le rapport de cette commission à l'automne. Peut-être qu'à l'avenir - à l'instar de ce qui existe en Allemagne par exemple - une instance indépendante, par exemple au sein du Conseil supérieur des Finances, pourrait constater sur base annuelle l'ampleur et l'évolution de ces transferts.

Il me paraît particulièrement important d'objectiver les transferts dans le cadre des futurs pourparlers sur l'avenir du financement des régions.

Comme l'ont déjà souligné plusieurs éminents professeurs wallons, les transferts ne doivent pas servir à dissimuler mais bien à résoudre les problèmes.

C'est la seule manière de réaliser un schéma transparent et responsable de solidarité entre les régions et leurs habitants.

Cette forme de solidarité était aussi l'un des principes de base que j'ai énoncés l'année passée dans une tribune libre qui a paru dans les quotidiens francophones, sous le titre " Plus est en nous ", où j'ai exposé mon concept de " fédéralisme responsable ".

Le fédéralisme responsable implique que chaque entité fédérée soit respectée dans ses compétences, et qu'elle puisse pleinement les faire valoir . Il implique en outre que chaque entité fédérée assume ses responsabilités au sein d'un Etat fédéral. Le fédéralisme responsable signifie aussi que les entités fédérées qui fournissent des efforts doivent être récompensées. Nous souhaitons que les efforts consentis par les régions pour mettre les gens au travail, leur rapportent aussi un boni ou un effet retour. Les entités fédérées qui respectent au maximum leurs accords budgétaires doivent être encouragées. Ce système de " checks and balances " socioéconomiques implique essentiellement que chaque autorité soit disposée à rendre des comptes sur l'affectation des moyens reçus, tant au niveau de la politique en matière d'emploi que dans la sécurité sociale.

Le fédéralisme responsable implique que des clefs spécifiques permettent, selon des critères objectifs et transparents, de concrétiser la solidarité entre les entités fédérées. De cette manière, on devrait aussi, comme le fait observer Wilfried Martens dans ses récentes mémoires, instaurer plus de responsabilité financière des entités fédérées selon le principe du "no power without responsability".

Mesdames, Messieurs,

Comme troisième ligne de force de mon exposé, j'en arrive au transfert indispensable de compétences vers les entités fédérées.

La Flandre et la Wallonie disposent de nombreux atouts, mais ce qui fait défaut ce sont quelques leviers essentiels pour pouvoir pleinement valoriser ces atouts. Bon nombre d'exemples démontrent que la Flandre et la Wallonie ne peuvent par ailleurs pas pleinement valoriser leurs actuelles compétences, en raison d'un manque d'adéquation avec les compétences fédérales, voire un éparpillement des aspects partiels de celles-ci. Dans le domaine de l'emploi par exemple, nous avons souvent une approche différente en matière d'activation des demandeurs d'emploi, tandis que des décisions fédérales interfèrent avec ou ne tiennent pas suffisamment compte - fiscalement parlant - des compétences des communautés en matière de formation et de placement de travailleurs. Nous constatons en outre que les visions politiques des deux communautés dans des domaines cruciaux comme le logement, l'intégration civique, l'enseignement ou la criminalité juvénile divergent considérablement, ce qui est néfaste pour une approche efficace de certains problèmes sociaux.

Des compétences supplémentaires et homogènes et une meilleure répartition de l'autonomie financière et fiscale entre l'Etat fédéral et les entités fédérées, constituent dès lors une priorité absolue.

La Flandre est préoccupée par les défis qui se présentent également en Wallonie. Une dynamisation des économies wallonne et flamande ne peut être que bénéfique pour les deux. Mais les points de départ - qui sont différents sur la base de constats objectifs - nécessitent une politique plus différenciée pour chaque région. Récemment, un éminent économiste wallon a fait observer que la problématique salariale constitue un élément important à cet égard. Une rapide croissance de l'économie et de l'emploi requiert en effet des investissements qui ne se réaliseront que si le niveau du coût salarial par rapport à la productivité est plus favorable qu'ailleurs. C'est pourquoi il est important que dans une prochaine réforme de l'Etat, des instruments tels que politique à l'égard du marché de l'emploi, formation des revenus, recherche et de développement sous toutes ses formes et fiscalité puissent être transférés vers les régions.

Une forte croissance de l'emploi est également nécessaire pour compenser la charge budgétaire du vieillissement. Conjointement avec plus d'autonomie pour la politique en matière de santé, cela doit permettre de dégager une marge plus grande pour les dépenses afférentes aux pensions et aux soins de santé.

Dans la mesure où nous voulons connaître une croissance économique en tant que pays et garantir le financement durable de notre protection sociale, cette réforme fondamentale est plus que jamais à l'ordre du jour : de cette manière, la Flandre peut largement déployer ses ailes au plan économique alors que la Wallonie peut pleinement réaliser ses ambitions économiques.

Mesdames, Messieurs,

Ces derniers mois, les plaidoyers politiques qui sont tenus en Flandre dans la perspective d'une prochaine réforme de l'Etat ont suscité pas mal de commotion.

Il est exact que ces convictions vivent non seulement au sein des forums politiques mais sont aussi soutenues par de plus en plus de forces vives de la société. Plusieurs académiciens et entrepreneurs - je pense notamment au manifeste " In de Warande " et au récent "Lentemanifest" - ont publié des analyses importantes à cet égard. Même si je ne suis pas toujours d'accord avec les conclusions sous-jacentes, ces analyses ont en tout cas le mérite d'inciter la collectivité dans son ensemble à réfléchir à la façon dont elle souhaite au mieux assurer son propre bien-être et sa prospérité. Je rencontre régulièrement des jeunes flamands et francophones. Tout comme je constate auprès des jeunes Flamands une grande volonté de solidarité, je constate que bon nombre de jeunes francophones plaident en faveur d'un réel engagement et un revirement, et affirment qu'ils ne veulent pas faire perdurer une situation d'assistanat.

Il ne s'agit en l'occurrence pas de discussions sur le confédéralisme ou le séparatisme mais de la viabilité et l'avenir socioéconomique de la Flandre ET de la Wallonie. Cette démarche objective doit à mon avis aussi constituer l'enjeu prioritaire d'une prochaine réforme de l'Etat. La question n'est pas du " plus pour chacun " mais bien du " meilleur pour les deux ".

C'est pourquoi je trouve difficile à comprendre l'idée de mes collègues-élus francophones qui affirment qu'il vaut mieux geler les nouvelles réformes institutionnelles. Cette idée va en effet à l'encontre des intérêts tant de la Communauté flamande que de l'exécution du plan dit Marshall en Wallonie. Je me réjouis par ailleurs du fait qu'en Wallonie aussi, un mouvement d'académiciens formule certaines analyses ; j'espère que les " captains of industry " wallons et d'autres acteurs de la société civile ne percevront pas les Lente- et autres manifestes de leurs collègues flamands comme une menace mais au contraire comme un incitant à prendre la plume eux-mêmes. La confrontation de ces analyses réciproques ne peut que déboucher sur une situation win-win.

Mesdames, Messieurs,

Nos régions doivent relever d'importants défis socioéconomiques. Or, ce ne sont pas des amalgames ou des caricatures qui serviront nos intérêts mais bien l'objectivation, l'analyse et la prise de responsabilité, dans cet ordre-là. Seule la vérité a un effet libératoire : pour relever ces défis, il faut dès lors en premier lieu faire preuve de sérieux et de courage.

Le Gouvernement de la Région wallonne a déjà mis sur les rails plusieurs initiatives importantes visant à traduire les nombreux atouts - comme ici à Liège, avec son université, son histoire, son infrastructure internationale, sa situation géographique exceptionnelle et sa culture - en réel progrès économique.
Je suis convaincu que ce progrès ne pourra toutefois se réaliser de manière efficace que par de nouvelles étapes importantes dans la réforme de l'Etat, à partir du concept de fédéralisme responsable, et avec respect pour la solidarité interpersonnelle. Oui, je veux parler de la Belgique. Non, je ne me résigne pas au statu quo (institutionnel).

Mesdames et messieurs,

Pour atteindre tous ces objectifs, nous devons mobiliser toutes les forces en Flandre et en Wallonie. Nous devons rassembler notre savoir-faire. Seuls la collaboration, le partage de connaissances nous mèneront plus loin … Au fur et à mesure que nous parvenons à épauler ensemble un projet commun, nous apprendrons aussi à mieux s'apprécier.

Plus est en nous : à condition de travailler ensemble, nous irons ensemble de l'avant !

Liège, 25 avril 2006
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