La passerelle culturelle du Canada (culture.ca) passe la parole à un vétéran de la scène journalistique de l'Ontario. Parlant d'une perspective de la majorité, il déclare:
« Les médias ont une influence incroyable [...] Si, comme on le dit souvent, le journalisme est une première ébauche de l'histoire, alors il relate la culture à son arrivée, lors de son virage et même à sa disparition. Mais avant tout, les médias sont les premiers à annoncer les tendances, et les tendances alimentent essentiellement la culture, surtout la culture populaire [...]Le rôle des médias dans la culture devrait d'abord consister à rapporter, mais aussi à interpréter dans le contexte plus général. Pour cette raison, il importe d'avoir un large éventail de points de vue, voire de données démographiques, afin de savoir ce qu'est la culture pour un groupe, une tendance pour un autre; ce qui est frivole pour l'un, important pour l'autre [...] Les médias devraient prendre la culture au sérieux mais pas trop, car la culture, surtout la culture populaire, est principalement humoristique notamment quand la culture d'aujourd'hui devient une source d'embarras pour demain. Les médias sont donc des acteurs clés, les acteurs clés dans la culture populaire. Il est juste de dire que la culture populaire n'existerait pas sans les médias. »
Peut-on se demander s'il y a une culture "populaire" parmi les francophones hors-Québec et comment nos médias officiels l'alimentent-elle? Le Canard croit observer une culture "populaire" d'expats globalisés avec très peu d'assise pour ce qu'est la vie en situation minoritaire. Le financement et la promotion de cette culture "expat" et les médias qui lui sont attachés semblent bien vulnérables. Un "expat" peut respirer sa culture expat jusqu'à ce qu'il retourne dans son grand centre franco ou encore s'assimiler et voir la prochaine génération faire pareillement sans disposer d'une alternative mieux établie locallement, i.e. les médias et le "journalisme" qu'on y pratique.
Reprenons les propos de Roy MacGregor: le journalisme, étant cette "première ébauche de l'histoire", nous ferait part de "la culture à son arrivée, lors de son virage et même à sa disparition". Nos médias pourraient-ils en être responsables s'ils ne font pas leur travail? Et culture.ca, eux, le serait-il pour nous le rappeler? Toute une culture "populaire" et un excellent cas pour la contre-culture et un mouvement autonomiste "contre-média"? Mais pour cela ça prendrait des francos conscients d'avoir pris des assises locales et prêts à s'y engager lorsqu'ils ne se reconnaissent plus en tant que "expat" (en apprentissage de l'anglais) ou encore en tant que "assimilé".