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Jeudi, le 17 novembre 2011
TITRE: Nouvelle-Angleterre et francophonie
Dans le cadre de l'Assemblée Générale de l'association France-Louisiane / Franco-Américanie qui aura lieu ce samedi 19 novembre à Levallois (Hauts-de-Seine), les articles du blog louisiane.catalogne sont, cette semaine, consacrés à la Louisiane et à la Nouvelle-Angleterre.
http://www.flfa.fr/webflfaf.html
Ce soir à partir de 20 heures 35, sur France 5, la Grande Librairie de François Busnel installera ses caméras en Nouvelle-Angleterre à la rencontre d'écrivains comme Richard Russo, Philipp Roth, Douglas Kennedy. La semaine dernière, François Busnel écrivait ses carnets de route depuis New York. "Je ne crois pas que New York soit semblable aux autres villes, a écrit John Steinbeck dans Un artiste engagé. Elle n'a pas de caractère, contrairement à Los Angeles ou à La Nouvelle-Orléans. En fait, elle a tous les caractères du monde, car elle les englobe tous. Elle peut anéantir un homme, mais pour qu'il sache ouvrir les yeux, jamais elle ne l'ennuiera.
New York est une ville laide et sale. Son climat relève du scandale, sa vie politique du croque-mitaine, la circulation y est pure folie et la concurrence meurtrière. Mais elle a une qualité unique : une fois que vous avez vécu à New York et que vous en avez fait votre foyer, plus aucun endroit ne vous semble assez bien. Tout et toutes choses s'y concentrent : les gens, le théâtre, l'art, la littérature, l'édition, l'import, les affaires, le crime, les agressions, le luxe et la pauvreté. Elle est tout et toutes choses. Et de fait, elle n'est que mouvement. Elle est infatigable, l'atmosphère déborde d'énergie. Je peux travailler plus longtemps et plus dur à New York que partout ailleurs, sans me lasser."
La Nouvelle-Angleterre, région du Nord-Est des Etats-Unis, formée par les anciennes colonies angalises fondées au 17ème siècle, comprend les Etats du Connecticut, du Maine, du Massachussetts, du New Hampshire, du Rhode Island et du Vermont. John Steinbeck a parcouru la Nouvelle-Angleterre et a retranscrit ses carnets de route dans Voyage avec Charley. Toujours dans Un artiste engagé, il écrit : "D'origine irlandaise, ma famille s'est ensuite mélangée à des souches allemande et anglaise (plus particulièrement dans la région du Massachussetts)."
Jack Kerouac était, lui aussi, originaire de l'Etat du Massachussetts. Né à Lowell (qui est aussi la ville natale du peintre Whistler) en 1922, Jean-Louis Lebris de Kerouac, descendant d'une vaste famille de Canadiens-Français était un Franco-Américain qui écrivait, comme le rappelle Louise Péloquin dans son ouvrage L'Identité culturelle, ses romans en anglais mais qui les parsemait de phrases en français, phrases qu'il avait entendu dans le quartier de son enfance, comme dans Dr. Sax : Mon nom c'est Zap Plouffe mué-je rests au coin dans maison la - Je m'appelle Zap Plouffe et j'habite au coin, dans cette maison-là, ou Ta tu aimez ta ride mon Ti Loup ? - As-tu aimé ta promenade mon petit loup ? "
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AJOUT DE QUÉBÉCOIS: entrevue avec Jack Kerouac en 1967, à Radio-Canada, à Montréal:
http://archives.radio-canada.ca/emissions/411-126/page/3/
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Ce langage, ajoute Louise Péloquin, est souvent qualifié de patois à cause de sa divergence par rapport au standard. La langue française parlée par certains Franco-Américains est différente de celle de la France et même du Québec. Les années passées dans une ambiance anglophone l'ont modifié."
Mais que sont les Franco-Américains ? Alain Decaux, ministre de la francophonie entre 1988 et 1991, écrit dans Le Tapis rouge : " Tout est né d'une visite que m'a rendue M. de Margerie, notre ambassadeur à Washington. Il savait que j'envisageais de me rendre en Louisiane, étape quasi obligée d'un Français à la recherche de sa langue aux Etats-Unis. Il était venu me dire :
- Si vous venez chez nous, n'oubliez pas les Franco-Américains.
J'avais ouvert de grands yeux ; j'ignorais tout de ces gens-là. Il m'avait expliqué qu'il existait dans le nord-est des Etats-Unis une communauté francophone importante, singulièrement active et qui, pour la défense farouche de notre langue, ne pouvait s'en laisser remonter par personne.
- Aucun ministre français n'est jamais allé les voir. Soyez le premier et vous donnerez un élan nouveau à leur combat.
(...) Je pars pour Manchester, capitale des Franco-Américains. Imaginez un gros immeuble en plein centre de la ville. Au rez-de-chaussée, dans les bureaux d'une société d'assurances mutuelles, les Franco-Américains viennent assurer leur automobile, leur domicile ou leur vie. En français. Il est loisible ensuite de s'engouffrer dans le grand escalier qui les conduit au premier étage. Changement notable de décor. Ils pénètrent dans une bibliothèque subdivisée en plusieurs salles. La première accueille les livres d'origine française, la seconde les ouvrages édités, en français, au Canada ou aux Etats-Unis. La troisième expose et offre à la location des cassettes vidéo en langue française.
Un tel organisme ne bénéficie d'aucune subvention, d'aucune aide de l'Etat français. Les Franco-Américains n'ont besoin de personne et ils en sont fiers. Fiers aussi de leur radio, de leur émission de télévision en français, accueillie sur un câble anglophone."
Laissons Louise Péloquin nous expliquer les raisons de l'existence de cet important foyer francophone en Nouvelle-Angleterre : "En dehors de la province du Québec, la plus grande concentration de population d'origine canadienne-française se trouve en Nouvelle-Angleterre. On l'estime habituellement à environ 900 000, 1 000 000 de personnes. Il est essentiel de mentionner les migrations de cette population. Les Canadiens français, au siècle dernier (*), étaient à la recherche d'un meilleur cadre de vie. Les mauvaises conditions de travail dans les chantiers navals et dans l'industrie du bois de construction, la surpopulation, la diminution de la superficie de la terre cultivable disponible, l'absence d'un bon système de transport de l'Est canadien au Nord-Ouest, sont les raisons essentielles de l'exode vers le Sud. La Nouvelle-Angleterre offrait du travail, des salires plus élevés et la proximité géographique du pays natal. (...) Les 'Yankees' (protestants d'origine anglo-saxonne) traitaient les nouveaux venus de 'Chinois de l'Est' car ceux-ci étaient pauvres et ignorants quoiqu'assidus au travail. En plus, ils ne semblaient pas pressés de devenir 'Américains', c'est-à-dire qu'ils tenaient férocement à leur propre langue et à leur culture. La solidarité ethnique et familiale était plus importante que tout. On a même pu écrire que le refus d'abandonner l'héritage culturel (religion, traditions et langue) a empêché ce groupe ethnique d'atteindre des échelons plus élevés de la hiérarchie sociale au début du XXème siècle."
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AJOUT DE QUÉBÉCOIS: voir la Documentation très bien faite sur les "Canadiens-Français" de l'époque (en 1840, aujourd'hui, on dirait plutôt: "les Québécois"):
http://www.cslf.gouv.qc.ca/bibliotheque-virtuelle/publication-html/?tx_iggcpplus_pi4%5bfile%5d=publications/pubd101/d101ch1.html
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Cet article a été réalisé grâce aux ouvrages suivants :
L'Identité culturelle - les Franco-Américains de la Nouvelle-Angleterre par Louise Péloquin
Un artiste engagé de John Steinbeck
Le Tapis rouge d'Alain Decaux de l'Académie française
(*) Il s'agit du 19ème siècle.
FIN DU TEXTE
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