une belle histoire écrite à l'aide d'un clavier !

Nous étions au début de l’année 2003 lorsque les accords de paix furent signés entre les belligérants dans mon pays la République Démocratique du Congo. Ce n’était plus le langage des armes, mais plutôt les larmes de joie qui ruisselaient sur ces visages meurtris par des longues années de conflits armés.
« Adieu volcan de sang, adieu guerre insensées ! » Pouvait-on entendre de par et d’autre de l’immense Congo. C’était en ce moment, en ce moment là seulement que je fus connaissance par internet de Daniel Thierry-Mieg.
Lui : Un Français de 60ans d’âge et ingénieur retraité d’Alcatel, l’une des célèbres entreprises de Télécommunication de la France. Il travaillait bénévolement à la Fédération Protestante de la France en tant que chargé des relations extérieures.
Moi : Un Jeune congolais de 19ans d’âge issue d’une Famille pauvre.
Presque 40 ans séparait nos deux existences comme 8000 Km séparait nos deux vies de par et d’autre de la méditerranée.

J’entrepris de faire à cette époque une lettre de demande d’aide à la Fédération Protestante de la France. C’était ma seule option pour espérer continuer mes études universitaires ! J’étais brillant à l’école et il était hors de question d’abandonner mes études. La réponse n’a pas tardée et c’était un Certain Daniel Thierry-Mieg qui m’envoya un mail privé. Ainsi donc est née notre relation !

Les jours se sont succédé et notre relation ne cessait de gagner du terrain. Je pouvais désormais noyer mes soucis sans problème. J’avais en face de moi quelqu’un pour m’écouter et prêt à m’aider à prendre des ailes. Daniel venait de se porter garant pour supporter mes études universitaires et l’option était prise pour la France à l’Université Technologique de la Compiègne.

Nous avons consommés du temps pour les démarches administratives. Nous l’avons consommé jusqu’en 2005, année fantôme de notre relation. «
« …Je suis très malade Billy, je souffre d’un cancer de pancréas… », Ainsi était le mot d’une de ses lettres choc du mois de Décembre 2005. J’étais prévenu du danger qui nous guettait, mais que faire d’autre ? J’étais confus…
Que des moments merveilleux passés avec Daniel Thierry-Mieg ! Que des souvenirs inoubliables !

Nous avons dégustés notre temps précieux. Il me soutenait constamment face à mes besoins. Je ne pouvais jamais m’imaginer en tenant compte de nos différences d’âges, de race, de religion et la distance qui séparait deux vies, qu’une relation solide serait possible.

J’ai vécu des grandes leçons d’amour et de tolérance avec une personne épris de bonté, lesquelles leçons échappent souvent à la société contemporaine. Je sentais en lui le besoin de continuer cette aventure, mais la maladie l’a consumée petit à petit, telle une bougie consumée par le temps.
Le 7 Mars 2006, j’ai reçu la dernière lettre de Daniel Thierry-Mieg, prélude d’un événement désormais inévitable :

« Salut Billy,
Merci pour ton si gentil message...Hélas, dans notre monde chaotique, chacun n'a pas les mêmes chances. Pourquoi? C'est une question à laquelle il est difficile de répondre. Dieu et Jésus Christ ont très probablement la réponse... Mais, il n'est pas encore temps pour nous de la connaître.

Tu vois, moi, j'ai la chance d'être du bon coté, mais je suis gravement malade et mon espérance de vie est probablement courte. Toi, tu es moins favorisé, mais tu es jeune et intelligent. Je suis persuadé qu'avec encore un peu d'efforts, tu arriveras à améliorer tes conditions de vie: n'abandonne pas tes études surtout. La formation est souvent la clef d'une amélioration personnelle.
Par ailleurs, il est important que tu puisses chaque matin te regarder dans une glace sans avoir honte de toi: reste intègre et honnête, quelques soient les

circonstances!

Amitiés

Daniel »


Daniel mourut donc le 28 Avril 2006 et j’entamais ainsi une période de dépression. Ah, ainsi est faite la vie, nous a-t-on prévenus !
Le temps était venu de faire la table rase, de tout oublier, d’oublier Daniel, d’oublier mes études et d’essayer de mener une vie plus insouciante que possible. Mais qui pourrait-il prévoir ce que le destin fait de nous. Cet angle des choses échappe à tout le monde !

L’année suivante, en 2007, j’assistais à une sorte de réincarnation de Daniel. Mais ce n‘était plus le même Daniel ! L’autre ressortait de l’autre bout de l’océan, au pays de l’oncle Sam.

« Billy, je vais t’aider à poursuivre tes études… », Me disait Daniel X. C’était un comme un rêve ces mots de Daniel X, comme un rêve toute cette aventure qui se passait par devant ma vie.
Daniel X et toute sa famille voulait à tout prit m’aider à poursuivre mes études universitaires. Ils m’ont accueillit comme un sien et m’ont donné toute leur affection. J’ai retrouvé le chemin de mes études en 2008 grâce à Daniel X. Des études qui prendront fin en 2012 !

Je finis par me rendre compte après cette expérience, que les avantages des uns devraient profiter également aux les autre, sans cela le monde ne sera qu’un ensemble des prédateurs. J’ai appris beaucoup de ces deux personnes, j’ai appris d’eux de la tolérance, de l’amour, de la patience et que sais-je encore ? Malheureusement beaucoup des gens ignorent cela.

La vie est si courte nous a-t-on dit, mais de quoi devrions nous se féliciter a la veille de notre mort, si ce n’est que de mettre à profit ce qu’on a de mieux au service des autres. Chacun de nous a son état de malheur et personne n’est à l’abri du danger ! La solution, c’est bien l’autre…

L’internet m’a aidé à vivre une histoire exceptionnelle, telle est cette lettre de Daniel X, symbole de l’amour ressentit par les petits enfants dont l’une avait 10 ans et l’autre 8ans. J’avais écris précédemment une lettre de demande d’aide à Daniel X, pendant que les émeutes de la faim secouées mon pays en 2008.
Que chacun en tire une leçon !

« Cher Billy,

Je t’ai envoyé $200, par Western Union, de la banque au jour d’hui. Tu dois aller au bureau de Western Union, n’importe quel bureau, et dire que tu attends $200 des Etats Unis. Ils ont ton nom, donc une carte d’identité sera utile. Le numéro de contrôle est 3727589872. On va te demander “ton ami aux E.U.” et tu dois répondre “Daniel.” On m’a dit que ca va arriver toute de suite, alors tu peux y aller. (j’ai essaye deux fois hier de l’envoyer par l’Internet, mais ca ne marche pas, je ne sais pas pourquoi, alors il m’a fallu aller a la banque.)
J’ai parle de toi, et de ta lettre de Vendredi, et ma petite fille a dit “Il faut qu’on fasse quelque chose.” Alors, le Dimanche, ma petite fille et son frère ont fait une marche de puces devant la maison, ils vendaient leur dessin et les jouets dont ils n’avaient plus besoin, et ils m’ont donne de l’argent. J’étais tres fier.
Alors, cet argent va de notre famille a la tienne. J’espère qu’il vous aidera dans les temps durs. Si vous avez encore besoin, prévenez-nous et on va voir ce qu’on peut faire.
Ton ami,

Daniel X »