En réponse au lien précédent concernant McCartney à la ville de Québec, voir le blogue de Claude Jasmin:
http://www.claudejasmin.com/wordpress/?p=748
Cependant, je m'empresse de vous retranscrire une lettre d'opinion, qui est parue dans le journal "La Presse" d'aujourd'hui, jeudi, 24 juillet 2008, à la page A-16 du journal.
En passant, selon le résultat de mes recherches, ce texte NE PARAIT PAS sur Cyberpresse, soit sur le site internet de ce journal. Sûrement parce qu'il dénonce trop vertement la présence de McCartney à Québec.
Donc, voici ce texte:
TITRE: Le devoir de mémoire: le Québec EST LA SEULE SOCIÉTÉ AU MONDE où un représentant de l'ennemi d'hier peut être invité lors d'un événement À CARACTÈRE HISTORIQUE.
AUTEUR: Michel Pruneau: l'auteur est écrivain et conseiller pédagogique à la formation continue du Cégep Marie-Victorin -- une photo de lui apparaît dans le journal.
TEXTE:
À l'occasion du 400ème anniversaire de Québec, les Québécois se sont payé un spectacle du très britannique Paul McCartney.
Dans l'enthousiasme du moment, nous semblons considérer cet événement, qui balaie du revers de la main une défaite militaire aux mains de l'Angleterre, comme une preuve épatante de l'ouverture du Québec contemporain libéré de son passé. Une fois le spectacle terminé, est-il possible de réfléchir à la portée SYMBOLIQUE de cet événement ?
Ce spectacle mémorable a eu lieu sur les plaines d'Abraham, qui est le site même d'une défaite militaire de la France et de la milice canadienne-française contre les Britanniques, le 13 septembre 1759. Rappelons que cette bataille historique entraîna la capitulation de Québec et, éventuellement, la défaite de la France contre les Britanniques, qui sont devenus les maîtres de la Nouvelle-France.
Le soir du spectacle de l'ex-Beatle, un spectateur a eu l'audace d'agiter un drapeau de la Grande-Bretagne et il faut reconnaître qu'il n'y a qu'au Québec qu'un tel phénomène peut être accepté pacifiquement par la collectivité. Il est tout de même permis de nous demander s'il n'y a pas une part de naïveté dans notre grandeur d'âme, même si, en contrepartie, nous avons savouré le plaisir de voir Sir Paul nous saluer avec un drapeau du Québec.
Au Québec, socitété distincte par excellence, en invitant un chanteur britannique POUR FÊTER 400 ANS DE SURVIVANCE FRANÇAISE EN AMÉRIQUE, nous venons peut-être de céer un nouveau concept festif qui favorise l'éclosion d'un esprit planétaire moderne et libre de contraintes historiques. Nous devrions peut-être penser à exporter ce concept partout dans le monde. Imaginons de quoi auraient l'air quelques fêtes commémoratives qui ne tiendraient plus compte des conflits du passé:
1= En 2040, lors du centenaire commémorant l'occupation de Paris par les Allemands, au début de la deuxième guerre mondiale, les Français pourraient inviter le groupe rock allemand Rammstein. Les Français ne comprendront peut-être pas les paroles, mais la puissance de la musique risque tout de même de leur rappeler les bombes du troisièm REich.
2= pour oublier les affres de la guerre d'Algérie, les Algériens pourraient bientôt inviter le bon vieux Johnny Halliday. Mais il est loin d'être certain que l'icône des Français accepterait de sortir de sa retraite pour participer à une telle fête.
3= Pour essayer d'oublier les multiples annexions sanglantes des pays baltes par les troupes soviétiques, lors des deux guerres mondiales, les citoyens de la Lettonie, de la Lithuanie et de l'Estonie pourraient organiser un grand concert mettant en vedette le choeur de l'ARMÉE ROUGE.
4= Lors des différentes fêtes d'indépendance, plusieurs pays africains, anciennement des colonies britanniques, pourraient se cotiser pour se payer un concert des Rolling Stones.
5= Pour oublier la bataille d'Hamburger Hill, le 10 mai 1969, où les Américains ont versé 450 tonnes de bombes et 69 tonnes de napalm sur le Vietnam, les Vietnamiens modernes pourraient inviter la pulpeuse Mariah Carey à venir les bercer de sa voix sensuelle.
OUBLIER LE PASSÉ ?
Les événements historiques font habituellement l'objet d'une disposition que l'on appelle LE DEVOIR DE MÉMOIRE. Plusieurs Québécois semblent considérer que ce devoir intellectuel réédite une forme de haine historique entre les peuples et qu'il serait finalement préférable d'oublier le passé. Mais dans une perspective pacifique, LE DEVOIR DE MÉMOIRE n'a-t-il pas essentiellement pour objectif d'inviter les citoyens à connaître leur propre histoire pour ne pas répéter les erreurs de nos ancêtres ?
LE QUÉBEC EST BIEN LA SEULE SOCIÉTÉ AU MONDE OÙ UN REPRÉSENTANT DE L'ENNEMI D'HIER PEUT ÊTRE INVITÉ LORS D'UN ÉVÉNEMENT À CARACTÈRE HISTORIQUE. Je pose la question autour de moi depuis plusieurs jours, et personne ne réussit à trouver un exemple équivalent.
On a le droit d'aimer la musique des Beatles et d'inviter un ex-membre de ce groupe partout dans le monde. Mais quand il s'agit d'un événement historique, il me semble que le DEVOIR DE MÉMOIRE devrait influencer nos choix artistiques.
FIN DU TEXTE
Commentaires:
Comme me disait un de mes "boss", un moment donné:
"je ne suis pas rancunier, mais j'ai une maudite bonne mémoire, par exemple"......
Pour moi, LE DEVOIR DE MÉMOIRE, c'est de savoir son Histoire, l'Histoire de la province de Québec, et des différents événements qui ont façonné tout ce grand territoire de la Nouvelle-France d'origine.
Et, à Québec, les faits historisques et L'HISTOIRE de la Nouvelle-FRance a tellement été EFFACÉE, tellement été TRONQUÉE ---soit qu'on résume en 2 lignes une centaine de pages d'histoire, en favorisant, au départ, tout ce qui est "fédéral"--- que les gens de la place ont vécu un "crescendo", un mouvement d'action qui les a portés, graduellement, à accepter le fait, tout bonnement, qu'un britannique vienne participer à des activités du 400ème anniversaire de PRÉSENCE FRANCOPHONE EN AMÉRIQUE DU NORD.
En lieux et places, il aurait pu y avoir une toute autre réaction si le crescendo EN FAVEUR DE LA LANGUE FRANÇAISE ET DU DRAPEAU QUÉBÉCOIS avaient été présents. Les gens auraient pu céléber, entr'autre, différentes personnalités ou chanteurs, ou musiciens ou personnages de théâtre, tous des gens qui performent très bien à l'étranger, des gens de toutes nationalités, et qui représentent très bien le Québec sur la scène mondiale.
Enfin... il aurait pu y avoir plein d'activités semblables.
MAIS HARPER NE VOULAIT PAS. ET CHAREST EN ÉTAIT ENTIÈREMENT D'ACCORD.
IL NE FALLAIT PAS SUSCITER AUCUNEMENT LA FIERTÉ QUÉBÉCOISE. PAS MÊME L'UTILISATION DE DRAPEAUX QUÉBÉCOIS, ENCORE MOINS AVOIR UNE FÊTE POUR FAIRE LA LEVÉE DU DRAPEAU QUÉBÉCOIS. Et il faut surtout dire aux francophones de l'Amérique, surtout ceux du Québec, de s'ouvrir au monde anglophone, de mieux s'assimiler à eux, et, s'ils ne le font pas, ILS NE SONT PAS CORRECTS. FOI DE CHAREST ET DE HARPER.