gaulois Prince
Nombre de messages : 2938 Localisation : Vancouver Date d'inscription : 31/03/2005
| Sujet: Un autre qui veut apposer des X Mar 10 Juin 2008, 20:08 | |
| Le Canard s'est permis de reprendre la lecture du pavé La vitalité des minorités linguistiques au Canada: deux perspectives pour y relever les fragments suivants: - Citation :
- Or l’environnement est pluriel, les situations incommensurablement différentes, et, selon les paliers de turbulence et les niveaux de résilience, il se peut que des ajustements bien différenciés et infiniment plus profonds soient nécessaires, qu’ils appellent un renversement des postulats traditionnels, et que l’effondrement et le morcellement de certains pans des communautés soient inéluctables.
Face à des réalités aussi diverses, une philosophie générale d’autoconservation est évidemment condamnée à achopper. L’action étatique va tout au plus pouvoir maintenir artificiellement une vitalité qui n’est plus là et finir par défendre des apparences là où la vitalité n’existe plus : on aura embaumé ces communautés. [...] Une langue peut fort bien s’épanouir parce que langue seconde sans qu’on doive s’en inquiéter. C’est en tout cas le point de vue de ceux qui ne voient pas le bilinguisme et le multilinguisme, comme fondamentalement « soustractif », comme l’ennemi, dans un monde où une langue est considérée comme toujours en concurrence avec les autres, mais comme « additive » parce que justement les langues peuvent aussi être complémentaires. [...] Au premier niveau, une bonne gouvernance linguistique va vouloir assurer, par un système d’éducation adéquat, la base institutionnelle requise pour que les citoyens puissent communiquer dans la lingua franca territorialisée. Les autorités provinciales doivent prendre l’engagement ferme de donner une priorité absolue à la qualité de la connaissance et de l’enseignement de la lingua franca. [...] Même les défenseurs du dynamisme de conservation semblent commencer à comprendre qu’en environnement hyper-turbulent, il va falloir choisir : d’une part, supporter certaines enclaves promises à une forte capacité de résilience et d’autre part accepter d’abandonner d’autres unités condamnées à la disparition parce qu’elles n’ont pas les capacités et les ressources nécessaires dans leur société civile pour assurer leur propre résilience. Dans le trio communauté-minorité-langue, la communauté semble reprendre un certain ascendant, et c’est par référence au long terme et à la durabilité qu’on commence à raisonner (Harcourt, 2006) et à comprendre que ce qui va marquer la gouvernance des prochaines décennies est une double dévolution (du fédéral et des instances provinciales/territoriales vers le niveau local) qui va donner aux communautés locales beaucoup plus d’autonomie et de pouvoir. [...] Voilà qui va poser la question des stratégies qui vont les aider à assurer le meilleur usage possible de tous leurs actifs économiques, sociaux, environnementaux et culturels (y compris leurs actifs linguistiques) de manière à supporter leur vitalité, leur créativité et leur progrès. Dans certains cas, ce progrès va clairement pérenniser la langue officielle en situation minoritaire, et raffermir la minorité, mais dans d’autres cas non. Mais dans tous les cas, il est essentiel que le progrès ne soit pas arrêté par une défense déraisonnable d’ « acquis » dont de toutes manières la préservation est improbable ou ne saurait être choisie parce qu’elle serait trop coûteuse et qu’elle ne servirait pas bien le citoyen. [...] Pour les tenants du bilinguisme compétitif – du monde où une langue cherche toujours à chasser l’autre, et où on utilise, métaphoriquement et sans bien en comprendre le sens, la loi de Gresham qui veut que la mauvaise monnaie chasse la bonne – cette stratégie n’est pas plaisante. Mais comme les stratégies de conservation (ainsi que le montrent les résultats de l’Enquête de Statistiques Canada) ne semblent pas réussir, et que l’idée d’imposer des mesures coercitives additionnelles rebute, il se peut que l’on puisse faire l’accord sur une stratégie qui utilise les deux lames de la paire de ciseaux : * une stratégie de territorialisation et de concentration des CLOSM qui tend à maintenir et soutenir la préservation de masses critiques dans des zones propices, mais sans s’adonner pour la forme à de l’arrosage généralisé des fonds publics pour maintenir en place tous les îlots de verdure sans exception; * une stratégie d’accrétion des effectifs d’utilisateurs de la langue minoritaire comme langue seconde (par toutes sortes de moyens) afin de supporter ce faisant, même si c’est indirectement, la continuité linguistique de la langue minoritaire tout en accroissant considérablement les actifs linguistiques de la Grande Communauté. Étrange que cette allocution d'ouverture d'un colloque national portant sur la vitalité des communautés de langue officielle en situation minoritaire (CLOSM) par un des membres de l'élite de la francophonie d'Ottawa soit passée complètement inaperçue en mars dernier dans nos médias francos alors qu'on a accusé le statisticien/démographe Charles Castonguay des pires crimes pour avoir essentiellement dit la même chose, i.e. apposer des X sur certaines communautés francos en marge. Appelez cela aussi "la lingua franca territorialisée" (ou la fin du rêve de PET), ce qui élimine la base première de revendications de nos associations dites porte-parole. Les tractations de coulisse ayant court entre la FCFA et Josée Verner à la veille du dévoilement du plan d'action aux langues officielles laissent maintenant présager au pire, cela encore une fois sans le chien de garde de nos médias et l'attention d'un public motivé et éveillé. Et pire, ce sont les médias anglos de CanWest qui couvrait Paquet récemment lors du lancement de son livre Deep Cultural Diversity - a Governance Challenge. Dévolution totale du pouvoir fédéral vers les provinces, les municipalités et les gros shows tels JO2010 au gré de nos soit-disant "porte-paroles". Tout cela pour ne pas avoir eu le courage politique de faire le grand ménage à Patrimoine-Canadien pour tant d'années d'incompétence. 142 ou le nombre de participants à une consultation citoyenne pan-canadienne récente sur les langues officielles prend maintenant tout son sens "as the meaning of life", dixit Douglas Adams, le pouceux de la galaxie anglo-saxonne... | |
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Guevara Marquis
Nombre de messages : 623 Age : 37 Localisation : Tracadie-Sheila, Acadie (en exil à Gatineau) Date d'inscription : 28/08/2006
| Sujet: Re: Un autre qui veut apposer des X Mar 10 Juin 2008, 23:02 | |
| [quote="gaulois"] - Citation :
* une stratégie de territorialisation et de concentration des CLOSM qui tend à maintenir et soutenir la préservation de masses critiques dans des zones propices, mais sans s’adonner pour la forme à de l’arrosage généralisé des fonds publics pour maintenir en place tous les îlots de verdure sans exception;
Étrange que cette allocution d'ouverture d'un colloque colloque national portant sur la vitalité des communautés de langue officielle en situation minoritaire (CLOSM) par un des membres de l'élite de la francophonie d'Ottawa soit passée complètement inaperçue en mars dernier dans nos médias francos alors qu'on a accusé le statisticien/démographe Charles Castonguay des pires crimes pour avoir essentiellement dit la même chose, i.e. apposer des X sur certaines communautés francos en marge. En effet ça ressemble à mettre des X. On recommande un peu de créer des ghettos. Et que dire de la petite analogie, on compare le financement de nos communautés francophones à une activité comme de l'arrosage de gazon. J'pense que si on suis cette stratégie on va être obligé de mettre un X sur la C-B. Le pire c'est que plus ça va, plus je deviens un disciple de Castonguay et Cie. Je comprend parfaitement les sacrifices que certains font en situations minoritaires pour survivre en français, mais survivre ce n'est pas une vie, il faut vivre aussi. Et si éventuellement, les X commencent à gagner du terrain ---> Sud du Manitoba ---->Ontario ----> N-B Il est temps que les francophones se réveil... On verra bien avec le nouveau plan sur les langues officielles, mais je ne mise pas bcp là-dessus. Patrimoine canadien est responsable de la partie VII de la loi sur les langues officielles sur l'épanouissement des communautés de langues officielles en situation minoritaire et pour l'instant c'est l'inaction. | |
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