La tribune de la Presse d'Ottawa

Le boycott de Harper semble faire l'actualité. Yves Mâlo, le porte-parole, déclarait que c'était la tribune qui avait découvert le scandale des commandites (ainsi que le Shawinigate). Je croyais que c'était vraiment Sheila Fraser (&Le Bloc) qui avait amené ça. En ce qui me concerne, la presse était complice par son silence sur ce qui se passait sous ses propres yeux dans les premiers jours.

Vous-vous rappelez-vous comment les médias ont couvert le scandale des commandites au début? La tribune de la Presse d'Ottawa est-elle vraiment un bon chien de garde des intérêts du public canadien, québécois ou des Premières Nations???

Certains anciens journalistes de la Tribune de presse ont dû témoigner lors de l'enquête Gomery.Objectivité journalistique ? L'un d'eux a même été nommé Gouverneur-général du Kèneda... Romeo, Romeo, where art thou ? J'aimerais simplement rappeler que les dictatures ont toujurs commencé par contrôler ou baîllonner la presse et ce n'est pas sans raison. Heil Hitler !

Le Général Harper a même bayonné ses ministres et députés . Maintenant c'est le tour de la presse parlementaire.

À trop vouloir contrôler l'information, moi aussi je trouve ça louche.

Plus ça va et plus je trouve du Bush en lui.

«On a la responsabilité de répondre à la population. Le meilleur moyen qu'on a trouvé en démocratie est par l'entremise des journalistes.» Gilles Duceppe -vs- "Harper et les médias" selon la Presse Canadienne

Est-ce vraiment le meilleur moyen Monsieur Duceppe? La blogosphère: la connaissez-vous? Que se passe-t-il lorsque les problèmes surgissent en raison de la complicité entre le pouvoir de la gouvernance et le pouvoir des médias? Bine dère, donne dat enne gätaine de ticheurte...

Denise Bombardier pour sa part regrette, dans son commentaire hebdomadaire, qu'une belle occasion de débat soit ratée. Laissons le dernier mot à cette grande dame de nos médias:

Ni la presse ni la classe politique ne se choisissent. Ils héritent l'un de l'autre pour le meilleur et pour le pire. Par son geste radical à l'endroit des correspondants parlementaires, le premier ministre offre les médias en pâture à l'opinion publique. Ce n'est pas par cette stratégie démagogique que l'affrontement actuel trouvera sa solution. Personne ici ne sera gagnant et le débat nécessaire sur ces deux pouvoirs sera éclipsé. C'est dommage.

Ce sujet m'interpelle puisque j'ai pratiqué pendant un moment le métier de journaliste.

Je ne suis toutefois pas très entiché de Mme Bombardier, en général, et de sa pensée conservatrice. Dans sa chronique elle semble faire des reproches aux deux parties. Il est vrai que Harper pèche par sa tendance à tenir en laisse tout ce qui l'entoure ("control freak"). Il est aussi vrai que les journalistes de la Colline parlementaire se distinguent à l'occasion par leur arrogance et leur désinvolture. Si on peut observer cette pratique dans les législatures provinciales, je serais porté à croire que sur la Colline le même phénomène se reproduit à une échelle encore plus grande.

Mais la crédibilité de Mme Bombardier, pour avoir fréquenté intimement un politicien de carrière, est assez discutable. C'est trop facile de dire que les deux parties doivent trouver une solution à l'amiable. Il faut aller plus loin dans ce genre d'analyse.

Pour ma part, je crois que c'est le système médiatique qui est en cause. Les vrais otages, ce sont les courriéristes, les envoyés spéciaux et les correspondants parlementaires. Eux doivent réagir au quart de tour en raison de l'heure de tombée. Comme les points de presse surgissent en général à la dernière minute, tout à coup tout le cirque médiatique s'affole. La faune journalistique s'active alors à mettre la main sur la nouvelle et à la mettre en conserve. Dans ce genre de mécanisme, la presse est captive de l'événement trop souvent créé de toute pièce par les politiciens. Et à force d'avoir le nez rivé sur l'aquarium, une certaine presse perd de vue l'ensemble des événements au grand plaisir des politiciens et des magnats de la presse, aussi bizarre que cela puisse paraître. Du même coup, les véritables enjeux (globalisation, Kyoto, etc.) passent au second rang dans l'ordre du jour.

Le cynisme est roi dans ce milieu: d'un côté le politicien pratique la langue de bois et les journalistes, quant à eux, cherchent à les piéger pour les punir de les prendre pour des imbéciles.

En fait, la lutte de pouvoir avec la presse de la Colline, c'est de la p'tite bière, en comparaison de la véritable actualité. Et Harper devra s'y adapter d'une manière ou d'une autre. Son programme imbibé de candeur toute réformiste devra un jour ou l'autre s'ajuster aux contraintes médiatiques. Bientôt un député ou un ministre insatisfait se mettra à table et Harper sera forcé de jouer le même rôle que ses prédécesseurs de premier ministre: jouer au chat et à la souris avec les membres de la tribune de presse, de gré ou de force.

À moins que les médias trouvent de nouvelles formules pour que la plupart de ses journalistes fassent autre chose que celui de courroie de transmission. C'est pas demain la veille...

Suspendre le cirque médiatique semble avoir ses mérites. Cela dit, je n'appuie aucunement le baillonnement des médias, mais ne sont-ils pas en grande partie déjà baillonnés de par leur situation de pouvoir qu'ils exercent? Comme vous savez bien, je vois un peu d'espoir dans la nouvelle concurrence des nouveaux médias et de la blogosphère dans laquelle les citoyens s'engageraient sous des regroupements ONG. Mais on dirait bien que le pouvoir en place fait tout pour l'ignorer, en commençant par des gens qui devraient pourtant voir plus clair, tel que Duceppe. Comment donc ne pas être cynique envers toux ceux qui représentent le pouvoir, qu'ils soient fédéralistes ou même prétendument "souverainistes"?

Comme le disait avec justesse M. René Lévesque, on en revient toujours à la pratique journalistique elle-même. Pour cela, il faut toutefois lui donner les moyens à la hauteur des ambitions qu'on lui donne. On cite avec nostalgie l'émission Point de mire de M. Lévesque. Il ne faut pas oublier qu'il avait une semaine entière pour préparer son émission, ce qui ne se compare à rien aux journalistes sur le beat.

En général, les médias c'est comme un immense bazar et il faut fouiller dans tous les recoins pour trouver de l'opinion documentée et de la vraie nouvelle. Dans quelle mesure le ouèbe pourrait remplir une partie de cette mission? Là est la question. Est-ce que l'info sur le ouèbe est tout aussi fiable que dans les médias officiels? Chaque intervenant dans le monde de l'info a son agenda officiel et caché...

La structure du ouèbe permet les centres autonomes ou les gens puiseront et contribueront leur information. L'outil me semble complémentaire en offrant cette concurrence. Le monopole médiatique des biens natis s'effriterait donc ainsi, i.e. on ne peut plus aussi facilement "acheter" le controle comme on le pouvait auparavant. Cela est très menacant pour ceux qui bénéficient de l'ordre des choses courant. On ne les nommera pas.

gaulois a écrit:

La structure du ouèbe permet les centres autonomes ou les gens puiseront et contribueront leur information. L'outil me semble complémentaire en offrant cette concurrence. Le monopole médiatique des biens natis s'effriterait donc ainsi, i.e. on ne peut plus aussi facilement "acheter" le controle comme on le pouvait auparavant. Cela est très menacant pour ceux qui bénéficient de l'ordre des choses courant. On ne les nommera pas.

Vaut mieux pas!

Cela serait beaucoup trop lourd pour un seul serveur!

AF