Le Canard est évidemment bien motivé à soumettre un tel bilan ainsi que des souhaits pour l'an prochain. Les voici.
Notre secteur médiatique est complètement dominé par la SRC. Elle représente sans nul doute notre dernier fil linguistique. Le "baron de la traque" s'y maintient donc très bien en dépit de la grève qui a sévi. Il ne semble cependant pas prêt à alimenter les autres médias ou à en faire leur promotion. Les travailleurs de la SRC n'ont tenu aucune présence Internet telle un bloque contrairement à plusieurs "broadcasters" du côté de la CBC où il y a de la compétition, cela malgré la grève qui a sévi. Il y a de toute évidence absolument aucune motivation du côté Internet qui menace après tout. On penserait que la prochaine génération des travailleurs de la SRC y serait motivée, mais non puisqu'elle est devenue contractuelle encore plus sujette à la rectitude des contenus qu'on y produit.
Les grands titres RSS sont apparus en milieu d'année en régions suite à une demande du Canard auquelle on a très bien répondu
; il faut noter que ces grands titres étaient d'abord disponibles à la CBC, au journaux du Globe et Le Devoir, etc... Certains contenus de nouvelles sont maintenant accompagnés de lien oueb tel que dans la formule du blogue. Le commentaire ou la contextualisation de la nouvelle est aussi apparue. Cela reste l'exception plutôt que la règle.
La centralisation du oueb de la SRC a continué avec les pages de manchettes n'étant plus produites dans les régions. Les tribunes Internet en régions demeurent peu utilisées et celle de l'Ouest n'a jamais été reprises. Certaines émissions de la SRC de Montréal sont devenues disponibles en baladodiffusion (i.e. podcast). Il y a aussi eu un certain effort pour rendre plus d'entrevues disponibles pour écoute du téléchargement en différé; ça reste aussi l'exception. La radio par satellite apparue en fin d'année est de bien peu d'intérêt et le Canard a questionné cette priorité comme très "suspecte" de la part de la direction (i.e. Sylvain Lafrance) -vs- les véritables besoins en régions. Voici un example notable où ils se servent avec leurs p'tits amis, incluant le CRTC et ils se crissent complètement du public qu'ils doivent apparemment desservir.
Les contenus d'analyse d'affaires publiques demeurent lamentablement pauvres en régions et on continue à blâmer les "coupures" plutôt que la rectitude des gueules de bois qui sévit. L'attitude des syndicats et de ceux qui les supportent (e.g. NPD) n'a pas changé du tout. La complicité avec les associations franco dans leur promotion rend la SRC inapte à en faire les revues critiques, à relever les enjeux, soulever les débats, etc... tel qu'un média indépendant devrait être capable de le faire. L'auditoire continue à être tenu en otage et sujet à de la propagande qui engendre le décrochage.
Les seules émissions de revue du web (e.g. carnet techno) nous proviennent de Montréal et ne traitent jamais de l'Internet hors-Québec. Les efforts en ligne de la communauté (e.g. élections récentes du conseil scolaire du BC) n'ont absolument aucune chance dans un tel contexte. La promotion par la SRC exigerait le développement d'une meilleure présence sinon une culture en ligne complètement manquante après l'échec de la tribune public Internet de l'Ouest dont ils ont été incapables de faire la promotion.
Le Canard notait récemment un effort pour recueillir plus de point-de-vue de la part des auditeurs via encore une fois les méthodes traditionelles de la boite vocale, courriel et le fax. Veuillez noter que le Globe permet maintenant la rétroaction Internet de ses lecteurs qu'elle partage comme contenu au même titre que le contenu de "l'expert" qui a produit la nouvelle ou son analyse.
Espérons que la SRC en régions reconnaîtra en 2006 les apports des contenus Internet de ses auditeurs (e.g. commentaire, blogue, forum, podcast, liste courriel, site web) comme des indicateurs de la vitalité de leur communité dont ils ont le mandat de faire la promotion. Et même qu'on comptera les contenus et qu'on nous en fera part avec transparence et redevabilité comme de bons administrateurs du bien public devraient le faire. Améliorer la présence de la SRC sur la Toile semble absolument vital: mettre en ligne le carnet communautaire du Lien en Colombie-Britannique (et la soumission d'évènements) semble pourtant tellement évident. Mais il n'y a toujours pas de mécanisme transparent et redevable pour soumettre de tels suggestions, outre la boite à malle qui va nul part... Arrêtez donc d'essayer de tout controller quand il y a si peu de FHQs qui s'expriment. La SRC devrait essayer d'encourager le peu qui le font.
Des réformes médiatiques de l'organisme de réglementation (i.e. le CRTC) ne devraient pas être requises si la SRC faisait un meilleur effort pour relever le mandat qui leur a été confié tout particulièrement en régions minoritaires. Faire bouger le CRTC est impossible de toutes façons. La responsabilité de la SRC à maintenir notre dernier fil linguistique n'est plus ce qu'elle était. Se prendre en main et ne pas toujours traîner derrière ce qui se fait dans les marchés en milieu majoritaire semblent nécessaires. Ne sommes-nous pas fondamentallement différents après tout: ne pas reconnaître cette différence adéquatement nous amènerait-il à nous assimiler parmi d'autres facteurs évidemment? La SRC en régions n'y a pas vue de problème en 2005. Qu'en sera-t-il en 2006, avec ou sans augmentation des budgets, ou encore avec ou sans véritable changement de gouvernement au fédéral? Espérons mieux pour l'année qui vient.