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Dano LeBlanc, qui a appris récemment que la chaîne TV5 ne diffusera pas les épisodes de la série Acadieman, le first Superhero acadien, en avait gros sur le coeur lorsqu'il a accordé une entrevue à L'Étoile. C'est un artiste très déçu qui a confié au journal être désabusé face au sort des artistes qui sortent des sentiers battus en Acadie. Avec ce projet à l'eau, celui qui vivait de son art depuis six ans se retrouve maintenant devant rien et craint même être forcé de quitter l'Acadie.
par Chantal Roussel, journal "L'Étoile", Acadie, Nouveau-Brunswick
Le créateur, en plus d'apprendre la nouvelle de l'échec du projet d'Acadieman sur TV5, a perdu son père, décédé des suites d'une longue maladie, la semaine précédente. «Je suis pas mal découragé. Je vis des moments difficiles depuis un certain temps. Mon père était malade, ce n'était pas facile d'écrire de l'humour, confie-t-il. Je ne sais pas ce que je vais faire. Je ne crois pas que les gens réalisent à quel point c'est difficile d'être un artiste en Acadie.
Les jeunes me voient et pensent que je fais la grosse vie [rire]. Mais c'est vraiment pas le cas. J'ai toujours tout fait moi-même. Alors si je fais une BD, je ne peux pas avoir de compagnie d'édition pour me supporter, je dois payer pour tout. La seule option qu'on a, ce sont les bourses, et ça, c'est comme la loto.»
Acadieman s'est fait connaître ces dernières années sur les ondes de la télévision Rogers. Seuls les abonnés à la compagnie de câblodistribution pouvaient visionner les péripéties du superhéros acadien s'exprimant en chiac, crée de toutes pièces par Dano LeBlanc, avec l'aide de quelques amis. Cela ne l'a tout de même pas empêché de connaître une popularité enviable auprès des jeunes acadiens, si bien que le produit s'est fait remarquer par la chaîne francophone internationale TV5, qui a approché l'artiste en octobre 2009 pour lui proposer de diffuser des épisodes sur ses ondes.
Or, la semaine dernière, c'est avec consternation que Dano LeBlanc a appris que le projet tombait à l'eau. «C'est vraiment difficile à dire, qu'est-ce qui s'est passé. Ils ont dit que ça coûtait vraiment cher, après qu'ils ont vu les scénarios et que c'était trop «ado». Je ne sais pas trop à quoi ils s'attendaient. Peut-être qu'ils pensaient que c'était une autre Sagouine.»
Sans vouloir blâmer qui que ce soit, il attribue l'échec du projet avec TV5 à un manque d'expertise au niveau de l'animation du côté des Productions Phare-Est, qui était son point de contact avec la chaîne télévisée. «Je n'ai pas senti beaucoup de support. C'est eux qui négocient avec TV5. Il n'y a pas eu beaucoup de communication, je n'ai jamais eu de notes. J'ai l'impression que Phare-Est ne savait pas trop quoi faire avec le projet. C'est de l'animation, c'est nouveau pour eux. Ils ne s'y connaissent pas dans ce milieu-là.»
L'Étoile a tenté de recueillir les commentaires des Productions Phare-Est, mais personne n'a répondu à l'appel.
Dano LeBlanc dit avoir d'abord voulu faire affaire avec une entreprise de production d'ici, plutôt que de s'entourer de gens du Québec, pour développer son projet. Selon lui, les gens du milieu artistique en Acadie sont souvent très critiques vis-à-vis les créateurs qui s'entourent d'experts de l'extérieur.
Néanmoins, sa plus grande déception est l'idée de décevoir son équipe de travail sur Acadieman. «Moi mon but, c'était de donner du travail à d'autres gens de la région. C'est toujours les mêmes en Acadie qui ont les jobs dans le domaine artistique. Je voulais donner une première chance à des gens, leur donner de l'expérience. Je me sens comme si je suis en train de les décevoir, c'est ça qui m'a le plus découragé».
En fin de compte, l'artiste craint devoir s'exiler ou produire en anglais. «Je suis rendu à un point où je crois que je vais essayer d'entrer dans le marché anglophone. Ça me frustre parce que j'aurais aimé de continuer à travailler en français, mais je me dis que du côté anglophone, c'est un marché plus important, il y aura peut-être plus de place. En plus, avec les francophones, il y a toujours le débat sur la qualité de la langue. Il me semble qu'il y a juste avec les francophones que tu es jugé pour ton accent et pour la manière dont tu parles. On ne voit pas ce même phénomène aux États-Unis ou chez les anglophones en général.»
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