Un très bon texte dans le journal "Le Devoir":
http://www.ledevoir.com/societe/actualites-en-societe/291320/bleu-pour-langue-le-francais-pivot-de-l-identite-quebecoise?
EXTRAIT:
Langue de résistance
Un autre aspect de l'Acte de Québec relié à la langue a façonné l'esprit québécois, estime Diane Vincent, professeure de sociolinguistique à l'Université Laval. «Par cette loi, il y a l'impression que le français a été la langue de survivance, de résistance.
Pour les Québécois, cette vision, cette idée qu'on parle français parce qu'il y a eu des gens qui ont voulu qu'on parle français, est très présente.» Cela teinte le discours public, avance-t-elle, par exemple en favorisant ce que certains considèrent comme un repli identitaire collectif, tel que cela a été illustré par la saga du voile intégral.
Dans cette même veine, Marc Chevrier fait remarquer à quel point le français, de langue universelle du XVIIIe et XIXe siècles, a perdu de son lustre international. Le professeur en sciences politiques de l'UQAM cite diverses statistiques.
Par exemple, en 1997, 41 % des textes traduits par la Commission européenne étaient des originaux français, contre 12 % en 2008, alors que la proportion des textes anglais originaux, de 45 % qu'elle était en 1997, est montée à 72 % en 2008. Cela aussi peut conduire au repli.
«On voit désormais la connaissance de l'anglais comme l'universel alors qu'avant, c'était le français. Être francophone, désormais, c'est appartenir au particulier, au petit espace.»
FIN DE L'EXTRAIT
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PS: les commentaires faits dans le journal "Le Devoir", à la suite de cet article, sont très très intéressants à lire.
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La suite, 2ème partie: le code civil au Québec
une justice "bâtarde", mais dans le sens positif, soit une justice qui est gouvernée par le "common law" britannique et par le code civil français
http://www.ledevoir.com/politique/quebec/291381/blanc-pour-droit-civil-le-quebec-batard-juridique?
EXTRAIT:
Bâtards
En somme, les Québécois, en matière juridique, sont des «bâtards»! Pour ce qui est du droit public (rapport entre l'État et les personnes), ils sont totalement anglais.
Disons en termes plus élégants qu'ils vivent dans une situation — rare dans le monde — de «bijuridisme», terme et phénomène explorés par l'ancien ministre libéral Benoît Pelletier dans le numéro de Revue général de droit de juin.
La tradition civiliste est reconnue jusque dans les textes constitutionnels de 1867. Dans le partage des pouvoirs, les provinces obtiennent, avec l'article 92 (13), le pouvoir de légiférer en «matière de propriété et de droits civils».
L'article 94, presque oublié, mais qui a suscité beaucoup d'intérêt chez les spécialistes ces dernières années, consacre l'asymétrie canadienne: «Il prévoit la possibilité pour le Parlement fédéral d'adopter des lois uniformes en matière de propriété et de droits civils dans les provinces de common law, mais uniquement dans la mesure où celles-ci y consentent. Cette disposition ne s'applique toutefois pas au Québec», écrit Benoît Pelletier.
Accessibilité et cartésianisme
Quels sont les effets, sur la société, sur l'identité d'avoir un code civil? D'abord, explique Michelle Cumyn, le code implique un idéal d'accessibilité du droit qui remonte à Napoléon. Alors que les commons lawyers estiment que le droit est fait pour les spécialistes, le civiliste a cet espoir «peut-être utopique», dit Mme Cumym, de regrouper les grands principes de droit privé dans un code formant un tout. «C'est un contrat social», dit l'ancien ministre libéral Gil Rémillard.
FIN DE L'EXTRAIT
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