Lettre ouverte au premier ministre Harper

...conjointement signée par la Françoise Enguehard Présidente de la Société Nationale de l’Acadie, Lise Routhier-Boudreau, Présidente de la Fédération des communautés francophones et acadienne du Canada, Raymonde Boulay Leblanc, Présidente de la Fédération culturelle canadienne-française et Antonine Maillet écrivaine bien connue.

Citation :

Voici une lettre ouverte au premier minister Harper qui a été acheminée aux divers journaux le 11 juin 2009 :

Monsieur,

Depuis l’annonce, en mars dernier, d’importantes réductions dans les services et le personnel de Radio-Canada, les informations qui ont émergé concernant les défis financiers auxquels fait face la société d’État n’ont rien eu de rassurant quant à l’avenir de ce service essentiel pour les Canadiens et les Canadiennes. Nos organismes, qui représentent plus d’un million de francophones et d’Acadiens vivant dans neuf provinces et trois territoires, sont particulièrement inquiets par rapport à l’avenir des stations régionales de la SRC. Les compressions du mois de mars ont pour résultat, notamment, de priver les francophones de Windsor d’une station locale, et de mettre fin à quatre émissions – deux en Ontario, deux en Atlantique – qui étaient parmi les rares à parler de nos réalités. Qu’est-ce que ce sera l’an prochain? Radio-Canada sera-t-elle forcée de réaliser d’autres coupes, plus profondes, pour équilibrer son budget, et à quel prix pour les francophones?

Radio-Canada n'est pas une simple société d'État. Elle a pour mandat de refléter la diversité de notre pays et de nous aider à mieux nous connaître les uns et les autres, au-delà des milliers de kilomètres qui nous séparent, au-delà de notre origine, de notre patrimoine et même de notre langue. Une telle mission ne se calcule pas en dollars et n’apparaît jamais sur les listes comptables. Pas plus que le bénéfice énorme que représente, pour plusieurs communautés francophones vivant en milieu minoritaire, une télévision ou une radio d’État qui est souvent la seule source de contenus locaux en langue française.

Radio-Canada, bien qu'imparfaite (ce que nous n'avons pas peur de dire parfois!) est essentielle aux Acadiens, francophones et francophiles du pays. Son mandat linguistique et social est indissociable de la mosaïque canadienne et il faut tout mettre en œuvre pour préserver sa présence, d’un bout à l’autre du pays, dans chaque région.

Soyons clairs, en termes purement financiers, Radio-Canada n'est pas rentable. Pas plus que le secteur hospitalier ou le système d'enseignement qui, autant qu'on le sache, ne rapportent pas un sou à l'État. Écoles et hôpitaux, tout comme la radio et la télévision, sont des infrastructures indispensables à tout état démocratique. Ce sont des services essentiels. Un point, c'est tout.

Par contre, tout service essentiel doit disposer des fonds nécessaires pour fonctionner de manière optimale, pour le bien des citoyens. À ce titre, nous aimerions suggérer au gouvernement de régler une fois pour toutes le sort de Radio-Canada/CBC et d'en faire un véritable diffuseur public.

Le Canada investit annuellement 33 $ par habitant dans notre société d'État, alors que la moyenne occidentale est de 80 $. C'est le montant qu'y met la France depuis qu'elle a éliminé la publicité des ondes publiques. La Suisse de son côté y consacre 154 $ et la Grande-Bretagne, 124 $.

Pourquoi ne pas augmenter de manière adéquate et stable le financement de Radio-Canada et CBC, en y assortissant des exigences de résultats, bien sûr, puisqu'il s'agit de fonds public? Si vous trouvez l'idée saugrenue, sachez qu'elle ne vient pas de nous... Elle émane directement du Comité permanent du patrimoine et date de février 2008. Tous les membres du comité, à l'époque, ont endossé cette proposition... sauf ceux du Parti conservateur.

La restructuration de Radio-Canada/CBC en véritable diffuseur public, libre de publicité, s'inscrit tout à fait dans les grandes dépenses d'infrastructures engendrées face à la crise. Qui plus est, elle servira les diffuseurs privés en difficulté qui récupèreront à leur compte les revenus publicitaires. Tout cela pour bien moins qu’il n’en coûte pour défendre l’industrie automobile.

Reste à voir si votre gouvernement saura saisir l’importance d’offrir aux Canadiens un diffuseur public de qualité, comparable aux plus grands réseaux de la planète.

Source: http://snacadie.org/content/view/434/234/

Intéressant que cette excellente lettre ouverte soit l'initiative de femmes seulement. Et qu'elle soit écrite pour un homme! &%@ de chromosomes...

Encore une fois c'est Françoise Enguehard qui mène le bal. L'essence de la lettre à son «parfum de plume»

Oui étonnant que J-M Nadeau n'est pas un cosignataire

Antonine Maillet a d'ailleurs fait un vidéo pour le site "Je suis nous sommes" pour venir en aide à Radio-Canada (tout comme Bernard Derôme d'ailleurs).

https://www.youtube.com/watch?v=A_gEipjjmXk

La télévision publique se doit d'être protégée et c'est doublement important pour les francophones hors-québec qui souvent n'ont que ce poste en français.