Jean-Benoît Nadeau signe l'article Le retour des conquérants dans la dernière parution du magazine québécois de l'Actualité. Le fragment suivant chapeaute l'article: "En se repliant sur leur territoire, dans les années 1960, les Québécois se sont privés d'une force de frappe pour faire fleurir le français un peu partout en Amérique. Et s'ils repartaient jardiner sur leur continent ?"
Hmm, s'il y a un article qui sent l'impérialisme culturel québécois c'est bien celui-là! Bon c'est bien qu'un journaliste québécois s'intéresse pour une fois au milieu minoritaire, mais le fait-il correctement en juste connaissance de cause???
Au savoir du Canard, les Québécois ne se sont aucunement "repliés sur leur territoire" et ils ont en fait remplacé les générations assimilées dans le hors-Québec, à tout le moins dans l'Ouest canadien, pour se faire pousser à l'assimilation par la prochaine vague qui ne reconnaît aucunement ses éléments indigènes ou ceux prenant souches. Nil novo sub sole.
Un francophone natif du milieu minoritaire me faisait part plus tôt cette année "que nous n'avions aucune chance" devant ces contingents de Québécois venus les "sauver" durant la période de vaches grasses post-Trudeau. Une machine absolument implacable pour des gens bâillonnés depuis si longtemps, parfois bidonnés par leur Église et souvent incapables d'écrire en français!
S'il y a un groupe qui s'est "replié sur lui-même", c'est bien celui des médias québécois tel que l'auteur le signale par inadvertance en relatant les aberrations bien connues du diffuseur public sur le manque de voix francophone pan-canadienne qui sévit. Écrivant cependant cet article à partir de Montréal, Nadeau répète l'aberration en ne connaissant toujours pas le sujet au-delà de la courroie de transmission qu'il offre à Benoit Pelletier, le ministre libéral des affaires "intergouvernementales". Un journaliste est pourtant supposé être capable de faire part de points de vue différents et laisser le lecteur décider. Autrement, il s'agit de propagande au service de l'État et de ses dogmes.
Et lorsque les Québécois viennent "jardiner en milieu minoritaire" en français, serait-il possible qu'ils piétinent les souches locales développées de peine et de misère sans même comprendre le nouvel environnement dans lequel ils s'installent. Cela sous le financement du missionnariat de la francophonie canadienne, avec les entremetteurs habituels... Le résultat en 2007 de 40 ans de "jardinage": à peu près *aucun* francophone natif de l'Ouest canadien engagé en éducation, en média, en culture ou en affaires franco. Les francophones natifs de l'Ouest canadien ont plus tendance à se retrouver à Montréal s'ils désirent persister au français. On parle même de faire des "x" sur certaines régions. Need I say more sur les bienfaits du "jardinage québécois" pratiqués dans l'Ouest canadien? Et les mêmes gens reprocheront à Bush de vouloir répandre la démocratie au Moyen-Orient dans un environnement qu'il ne comprend pas du tout.
On dit que "l'opprimé se transforme souvent en oppresseur lorsque la chance lui est donnée". Désolé mais déjà-vu, la "force de frappe". Les francophones vivants en milieu minoritaire ont définitivement besoin de l'appui des Québécois, pas "la force de frappe"!