Un citoyen honoraire

Cette nouvelle est malheureusement passée un peu inaperçue...

Citation :

Mise à jour le vendredi 23 juin 2006 à 11 h 45

Hommage

Le dalaï-lama, citoyen honoraire du Canada

Le 14e dalaï-lama a reçu le titre de citoyen honoraire du Canada.

Les députés de la Chambre des communes ont adopté à l'unanimité, jeudi, la motion conservatrice visant à accorder cet honneur au chef spirituel des Tibétains.

Il est la troisième personne de l'histoire à recevoir cet honneur. Les deux autres sont Nelson Mandela, ancien président sud-africain et prix Nobel de la Paix, et Raoul Wallenberg, un diplomate suédois qui a sauvé des milliers de Juifs hongrois pendant la Seconde Guerre mondiale.

(...)

http://www.radio-canada.ca/nouvelles/National/2006/06/23/001-dalai-lama-canadien.shtml

Le dossier de la SRC comporte notamment l'article suivant:

Citation :

Visite du dalaï-lama: Martin enrage la Chine

Mise à jour le mardi 13 avril 2004

Le premier ministre Paul Martin recevra le dalaï-lama, lors de sa visite au Canada du 19 avril au 5 mai, et ce, malgré les pressions exercées par le gouvernement chinois.

L'ambassade de Chine à Ottawa dénonce la décision de Paul Martin. Pour Pékin, le dalaï-lama n'est pas seulement un chef spirituel mais aussi un politicien en exil qui mine l'unité nationale de la Chine.

Paul Martin
.
L'ambassade de Chine ajoute dans son communiqué que l'audience accordée par le premier ministre représente un écart important par rapport à la politique canadienne sur la question du Tibet et sera interprétée comme un encouragement aux séparatistes tibétains. Elle conclut que le Canada, qui a ses problèmes avec le Québec, devrait comprendre la position de la Chine.


Le dalaï-lama dirige le gouvernement tibétain en exil.

Paul Martin sera ainsi le premier dirigeant canadien à rencontrer le dalaï-lama. Le bureau du premier ministre a souligné que les discussions avec le Prix Nobel de la paix porteront sur des questions spirituelles plutôt que politiques.

(...)

http://www.radio-canada.ca/nouvelles/Index/nouvelles/200404/11/006-Pekin-Ottawa-dalailama.shtml

Étonnant n'est-ce pas?

AF

Pas que je suis contre l'honneur faite au dalaï-lama, mais est-ce qu'il y avait une raison pour lui donner la citoyenneté honoraire?
C'est assez remarquable que le Canada est toujours prêt à faire des beaux gestes sur la scène internationale (comme les beaux mots de Martin au sujet de Darfour), tout en faisant le contraire sur le plan domestique (viz. le Québec et les Premières Nations).

Quelque chose que j'ai lu dernièrement au sujet de l'histoire des Haudenosaunee (Iroquois) m'a fait comprendre que le Canada a toujours essayé de se justifier sur la scène internationale, comme si l'état canadien avait une sorte de complexe d'infériorité (et pour de bonnes raisons en terme de sa légalité, en effet).
C'est un peu comme si le Canada insistait "On est capables, nous autres aussi! Vraiment!" tout en essayant de cacher et d'éliminer ses "problèmes" coloniaux.

L'esprit de contradiction qui émane du Gouvernement canadien est en effet assez étonnant. Par exemple, dans le cas présent, on nomme un citoyen honoraire - le dalaï-lama - alors que le Canada sous les conservateurs s'engage de plus en plus vers le militarisme...

Qui sait? Peut-être le dalaï-lama refusera-t-il cet hommage? Quelle humiliation cela serait pour nous...

AF

Citation :

«Le monde d'aujourd'hui est interdépendant. Une nation ne peut plus régler seule ses problèmes. Si nous n'avons pas le sens de notre responsabilité universelle, c'est notre survie qui est menacée. La responsabilité universelle, c'est la capacité de ressentir la souffrance des autres de la même façon que la nôtre. C'est de découvrir que même nos ennemis sont motivés par la quête du bonheur. Nous devons reconnaître que tous les humains veulent la même chose que nous. C'est ainsi que nous en viendrons à nous comprendre vraiment, libres de toutes considérations artificielles.»

«Notre combat doit rester non violent et sans haine. Nous devons rechercher le changement par le biais du dialogue et de la confiance.»


Tenzin Gyatso, quatorzième dalaï-lama.

http://radio-canada.ca/nouvelles/dossiers/tetes/dalai-lama/index.html

AF

Ce que nous sommes gentils, internationalistes,ouverts, hospitaliers,tolérants,mondialistes,pacifiques, nous les Canayens- frança , les Acadjens et les Québécois , etc.! A peine arrivons-nous à nous entendre(comprendre?) dans notre pays (où subsistent de graves injustices en 2006) que nous nous donnons comme modèles au reste du monde en faisant des citoyens honoraires! Quand les Canadiens (de langue française) seront-ils, de fait, de citoyens honoraires et non des citoyens de seconde zone ?

Harper a dû aviser tout ses députés de se la boucler cette fois-ci.

Citation :

M. Anders a montré son dédain pour Nelson Mandela en le qualifiant de « terroriste et communiste » (Southam News, 6 juin 2001). Il a été le seul député à bloquer l’approbation unanime d’une motion accordant, à titre honorifique, la nationalité canadienne à Nelson Mandela. Le 19 novembre 2001, alors qu’il était au Canada à l’occasion d’une cérémonie où il a été fait citoyen canadien honoraire, Nelson Mandela a demandé à parler au député qui s’était opposé à ce qu’on lui fasse cet honneur. M. Anders a refusé de lui parler.

Autrement,pas de problème avec ce titre pour le Daili Lama.

N'est-t-il pas étrange aussi que le titre de citoyen honoraire accordé au dalaï-lama fut consenti à peu près en même temps que la «décision de Stephen Harper d'offrir des excuses officielles et une indemnisation symbolique aux familles chinoises victimes d'une politique discriminatoire entre 1885 et 1947». Enfin...Il s'agit peut-être d'un simple hasard...

À propos de ces excuses, J.-C. Leclerc en parle d'ailleurs ce matin dans Le Devoir.

Citation :

Les excuses de Stephen Harper - Faut-il réparer les injustices d'un passé éloigné ?
Jean-Claude Leclerc
Édition du mardi 27 juin 2006

La décision de Stephen Harper d'offrir des excuses officielles et une indemnisation symbolique aux familles chinoises victimes d'une politique discriminatoire entre 1885 et 1947 a été bien accueillie dans cette communauté, mais elle a aussi rallumé la controverse sur le redressement de ces tragédies qui ont marqué l'histoire du pays.

Faut-il réparer les torts d'un passé éloigné ? Jusqu'où remonter dans le temps ? Comment, le cas échéant, réparer ? Par une commémoration donnant un avertissement solennel pour l'avenir ? Par des excuses publiques confirmant l'innocence des victimes ? Par des indemnités aux survivants ?

(...)

Peu avant la dernière élection, Paul Martin, chef libéral minoritaire en Chambre, avait certes promis une «commémoration» de l'événement, mais il avait refusé de présenter des excuses ou d'offrir des indemnisations. Le chef conservateur, lui, s'était alors engagé, pour le moins tardivement, à répondre à ces demandes. C'est cette promesse qu'il a remplie, jeudi dernier, aux applaudissements des Communes.

«Au nom du peuple et du gouvernement du Canada, a-t-il dit, nous nous excusons auprès des Canadiens d'origine chinoise pour la taxe d'entrée et nous exprimons notre profond regret pour l'exclusion par la suite des immigrants chinois.»

«Actes racistes»

Bien que la taxe et l'exclusion aient été légales à l'époque, a noté le premier ministre, elles sont inconcevables aujourd'hui. «Nous acceptons pleinement la responsabilité morale de reconnaître ces politiques honteuses de notre passé», a-t-il dit. Il s'est agi d'une grave injustice, que nous avons l'obligation morale de reconnaître.»

(...)

Procès d'intention

Il s'en trouve même pour parler d'électoralisme. Bien que le principe des redressements soit inscrit dans la Constitution, ce n'est point par obligation juridique ou morale que M. Harper aurait répondu positivement aux citoyens d'origine chinoise, mais pour obtenir leur vote. En somme, il pratiquerait à rebours la discrimination raciale des partis fédéraux du XIXe siècle et, au XXe, celle du chef libéral W. L. Mackenzie-King.

Ces gouvernements ont freiné l'immigration asiatique pour avoir la faveur des électeurs (d'origine européenne) qui y étaient hostiles. Aujourd'hui, le cabinet Harper flatterait les minorités, autrefois proches des libéraux, pour se gagner leur appui, y compris la population chinoise désormais nombreuse au pays. Ce procès d'intention est injuste sans doute.

Toutefois, la manipulation ethnique à des fins politiques est-elle révolue ? On en est moins sûr à voir l'actualité récente. L'exploitation par ses adversaires des vues de M. Harper sur la «nation québécoise» fait peut-être partie du folklore politicien. Mais la complaisance des médias du pays et de maints dirigeants politiques pour le show policier des 17 «terroristes» de Toronto laisse pour le moins songeur.

Opposé au redressement des griefs anciens, un Pierre Elliott Trudeau voulait qu'on soit juste, mais envers les membres de la société actuelle. Quelques esprits progressistes sont toujours de cette école. C'est oublier que certaines conditions déplorables d'aujourd'hui trouvent leur cause dans des injustices passées. Des communautés, comme celle des juifs ou des sikhs, ont surmonté avec succès l'adversité qu'elles ont d'abord connue au Canada. Toutes n'ont pas eu cette possibilité.

(...)

http://www.ledevoir.com/

AF


PS. J'aurai aussi pu poster sous ce fil:
https://amerique-francaise.forumactif.com/ftopic830.Apres-les-Chinois-les-Quebecois.htm