Forum de l'Amérique française
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.


Un portail des communautés francophones d'Amérique
 
AccueilPortailDernières imagesS'enregistrerConnexion
Le Deal du moment : -39%
Pack Home Cinéma Magnat Monitor : Ampli DENON ...
Voir le deal
1190 €

 

 Louise Beaudoin: plaidoyer pour un pays du Québec

Aller en bas 
4 participants
AuteurMessage
francoquebecois
Prince
Prince
francoquebecois


Masculin Nombre de messages : 2846
Age : 63
Localisation : Montréal
Date d'inscription : 19/06/2006

Louise Beaudoin: plaidoyer pour un pays du Québec Empty
MessageSujet: Louise Beaudoin: plaidoyer pour un pays du Québec   Louise Beaudoin: plaidoyer pour un pays du Québec EmptyJeu 10 Déc 2009, 01:09

Ce texte a été prononcé lors d’un discours à l’occasion d’une soirée-débat organisé par les intellectuels pour la souveraineté.


http://www.louisebeaudoin.org/2009/12/09/dans-un-monde-qui-se-fait-non-sans-nous-mais-avec-nous-la-necessite-dun-quebec-souverain/

par Louise Beaudoin, députée de Rosemont et porte-parole de l’opposition officielle en matière de relations internationales et Francophonie


COPIE DU TEXTE

Dans leurs discours, les adversaires de la souveraineté nous répètent « ad nauseam » que le Québec, en raison de son appartenance à la Fédération canadienne, dispose déjà de tous les outils d’action utiles sur le plan international pour assurer son progrès, l’efficacité de ses moyens propres étant même, ne cesse-t-on de nous dire, considérablement renforcée par ceux encore bien plus puissants d’Ottawa.

L’objectif de mon intervention est de vous donner un bref aperçu de ce que la souveraineté ajouterait de vraiment essentiel aux moyens existants de développement du Québec que je considère, moi, nettement insatisfaisants. J’aimerais aussi vous montrer en quel sens la souveraineté, seule, peut permettre au Québec d’apporter aux affaires du monde une contribution qui, pour être la plus riche possible, doit sourdre du fond même de sa personnalité.

En préambule à cet aperçu, je ferai un diagnostic de la situation présente du Québec à l’international (avec ses forces et ses faiblesses), afin que nous ayons tous une base de comparaison pour juger de l’à propos des transformations fondamentales que proposent les souverainistes.

Premier point : pour comprendre les enjeux actuels, il faut revenir aux origines de l’action internationale du Canada et du Québec.

En 2001, dans le premier plan stratégique du Ministère des Relations internationales pour les années 2001-2004, j’écrivais que le Québec pouvait célébrer alors, ses « quarante ans d’une action internationale structurée » qui, « en dépit de toutes les traverses », avait fait de lui « un acteur reconnu sur la scène internationale ».

Mais il faut tout de suite ajouter que cet acteur international ne doit pas les quelques moyens d’action limités dont il dispose actuellement à la générosité d’Ottawa. Car, en réalité, son premier allié objectif aura été, à l’origine, un certain machiavélisme néocolonial du pouvoir britannique.

En effet, l’Acte de l’Amérique du Nord britannique qui créait, en 1867, la Fédération canadienne s’était bien gardé, par ses silences, de concéder à la nouvelle fédération tous les attributs de la souveraineté. En s’abstenant de répartir clairement entre Ottawa et les provinces les responsabilités en matière d’affaires étrangères, Londres s’appropriait tout simplement ces responsabilités pour plusieurs générations.

Un siècle plus tard, en 1965, le Gouvernement du Québec saura stratégiquement utiliser ce « vide », ce « trou » dans la constitution de 1867 pour se donner, avec la doctrine de Paul Gérin-Lajoie sur le prolongement externe des compétences internes, les bases théoriques d’une action internationale propre ainsi dotée, tout au moins en apparence, d’une justification juridique. Mais ce faisant, il inaugurait en même temps un demi-siècle de dures confrontations avec Ottawa qui, je tiens à le souligner, n’ont jamais donné lieu à un règlement d’ensemble acceptable par les deux parties. Tout au contraire, de nombreux agents de l’orthodoxie outaouaise pensent toujours que le Québec n’a de pouvoir que « sur son territoire », pour reprendre l’expression du premier ministre du Canada, Lester B. Pearson, contenue dans une déclaration publique, faite le 4 mars 1968, en référence à la conférence des ministres de l’Éducation francophone au Gabon.

Or, si les Fédéraux ont développé, à partir de 1965, cette sensibilité quasi maladive qu’on leur voit encore aujourd’hui sur la notion de compétences internes et externes, c’est qu’Ottawa s’était affranchi complètement de Londres en matière d’affaires étrangères, à peine vingt ans plus tôt. Certes, le statut de Westminster avait bien reconnu la personnalité internationale du Canada en 1931, mais le gouvernement britannique s’est gardé, jusqu’en 1945, les moyens de contraindre Ottawa à se ranger derrière lui pour les décisions les plus cruciales, celles qui portaient sur la guerre et sur la paix. C’est ce qui explique qu’en 1939, le Canada ait déclaré la guerre à l’Allemagne quelques jours à peine après l’Angleterre. À l’opposé, les États-Unis qui étaient dans une situation géostratégique fort voisine de celle du Canada, mais en même temps un État totalement indépendant de Londres, ne se sont résolus à une telle déclaration de guerre qu’en décembre 1941, après la destruction de leur base de Pearl Harbour par les Japonais.

On retrouve le même phénomène de sujétion du Canada à l’Angleterre pendant la guerre, lors des deux conférences de Québec. Ainsi, le premier ministre Mackenzie King n’a pas même été autorisé à y assister aux entretiens de Winston Churchill et de Franklin Delanoe Roosevelt alors que les forces armées canadiennes fournissaient un million d’hommes et de femmes pour combattre avec les alliés. N’est-il pas ironique que cette exclusion néocoloniale infligée à Mackensie King ait été, soixante ans plus tard, à Québec encore une fois, transposée à Bernard Landry interdit de parole par l’un des successeurs de King, en l’occurrence Jean Chrétien, lors du Sommet des Amériques en 2001?

Si mon interprétation de la dépendance de la politique étrangère du Canada par rapport à celle de Londres jusqu’en 1945 vous paraît excessive, je vous invite à lire un ouvrage dont l’autorité est indéniable sur le sujet, à savoir ce grand dictionnaire britannique qu’est « The Oxford Companion to the Second World War », p. 182 à 189, dont je me suis ici inspirée.

Personne ne sait encore comment nous irons jusqu’au bout de la route. Mais en créant, en 1961, une délégation générale à Paris (qui, dans nos domaines de juridiction, est une ambassade de facto), le Québec a fait, « nolens volens » en même temps, ses premiers pas sur une voie que la fédération canadienne aura, elle, quand même mis près de quatre-vingts ans à parcourir jusqu’à son terme. Et ce, même si, hélas, certains de nos concitoyens s’emploient aujourd’hui à l’étranger à éroder nos acquis.

Rappelons, aussi pour le bénéfice des souverainistes à raison impatients, que la grande urbaniste américaine, Jane Jacobs, dans son remarquable livre de 1980 sur le processus de la séparation du Québec, comparaît les étapes de notre sortie du Canada. à celles que connut la Norvège qui mit aussi plusieurs générations à se détacher complètement de la Suède.

Deuxième point : mais de quels leviers d’action le Québec d’aujourd’hui dispose-t-il exactement sur la scène internationale?

Permettez-moi une énumération très sommaire :

• En premier lieu, nous disposons d’un ministère des Relations internationales dont le budget annuel est de l’ordre de 100 millions de dollars canadiens et qui est appuyé efficacement dans son action par le personnel et les ressources d’équipes spécialisées de certains ministères sectoriels.

• En plus, nous avons établi des représentations permanentes dans une vingtaine de pays dont les effectifs, dans la majorité des cas, sont extrêmement réduits, au point de ne compter souvent que quelques personnes.

• Dans un pays, la France, notre délégation générale jouit de tous les avantages du statut diplomatique.

• Dans toutes les instances de l’Organisation internationale de la Francophonie, nous avons, à toutes fins pratiques, la même liberté d’action que les autres gouvernements membres et ce grâce, à l’origine, aux interventions de la France qui nous ont garanti un statut de gouvernement participant.

• Depuis plus de quarante ans, le Gouvernement du Québec a appris à codifier ses rapports avec ses nombreux partenaires étrangers (gouvernements et institutions) par la signature d’ententes qui, nonobstant leur portée exacte en droit international, se sont dans les faits avérées fonctionnelles.

• Nos actions en matière d’affaires publiques appuyées par l’esprit novateur et l’extraordinaire vitalité de nos artistes, de nos gens d’affaires et de nos intellectuels; nous ont permis de faire émerger dans le monde l’image d’un Québec moderne et dynamique que plus personne ne peut réduire à un simple morceau de la grande « mosaïque canadienne » comme l’aurait tant voulu Ottawa.

• Enfin, notre expertise de plus en plus grande des affaires internationales nous met en mesure, pour ce qui échappe encore à notre action directe, de faire sur Ottawa de vigoureuses pressions, parfois efficaces, comme on l’a vu au temps de l’ALENA.
Troisième point : Le constat s’impose de l’inadéquation des moyens du Québec à l’international, en raison de leur caractère essentiellement parcellaire.

Car il faut prendre aussi en compte les aspects négatifs de la situation présente :

• Ainsi, dans tous les pays membres des Nations Unies (bientôt 200 alors qu’ils n’étaient qu’une cinquantaine aux lendemains de la seconde guerre mondiale), nous n’avons un accès libre à tous les niveaux de leur Gouvernement national que dans le cas de la France. Pour tous les autres pays, nos rapports sont toujours plus ou moins encadrés par Ottawa qui nous impose son lot variable de tracasseries selon son humeur du moment et celle de ses ambassadeurs.



• Sur le plan multilatéral, nous n’avons les mains entièrement libres d’agir que dans une seule organisation gouvernementale, celle de la Francophonie. Dans toutes les autres organisations, même quand leur mandat porte sur des domaines qui relèvent de notre compétence, tout, de la communication des informations courantes à notre occasionnelle présence à des rencontres de niveau ministériel, dépend du bon vouloir ombrageux des gens d’Ottawa en place.

• Réglons le cas de ce strapontin du Québec à l’UNESCO que nous ont annoncé, à grands roulements de tambour avec sonnerie de trompettes, Stephen Harper et Jean Charest : il s’agit là de la présence permanente d’un agent désigné par le Québec, non à l’Unesco, mais au sein de la délégation canadienne à l’Unesco. Certes cet agent sur place à Paris est (voilà le premier progrès à mes yeux) en mesure d’informer le Gouvernement du Québec d’une manière continue sur ce qui se passe dans cette organisation internationale qui traite de sujets qui sont bien plus de notre compétence, notamment l’éducation que de la compétence du gouvernement fédéral. Bien sûr, cet agent est aussi Paris (et c’est un deuxième progrès que je peux concéder) un meilleur lobbyiste auprès de l’ambassade canadienne que la « Commission canadienne pour l’Unesco» conscrite jusqu’ici pour donner une façade de légitimité québécoise, (mais en se passant grosso modo du gouvernement du Québec) aux prétentions du fédéral en matière de culture.

Mais le poids diplomatique spécifique de cet agent est en vérité aussi léger que l’air qu’il respire, puisqu’il n’est pas autorisé, ni par Ottawa ni par Québec, à s’écarter, devant les instances de l’Unesco, de la ligne officielle déterminée par Ottawa.

Or, si nous avons aujourd’hui une convention qui protège le droit des gouvernements de financer les productions culturelles, c’est grâce notamment à l’exercice libre du droit de parole du Québec aussi bien dans ses rapports avec la France que dans les instances de la Francophonie. En effet, à deux moments stratégiques, c’est notre incontournable opposition devant Ottawa qui a permis de faire avancer le dossier. Car, ce sont le Québec et la France qui, en 1999, au Sommet de Moncton, ont proposé à l’ensemble des pays de la Francophonie de faire porter, sur la culture, le Sommet de Beyrouth qui, comme l’on sait, donnera en 2002 une impulsion décisive au projet de convention. Or, à Moncton, Ottawa et le gouvernement Suisse auront été les derniers à se rallier à la proposition franco-québécoise.

Et, il faut signaler, en 2002, la publication sans une autorisation outaouaise qui, si elle avait été sollicitée, ne serait jamais venue, d’une étude de faisabilité juridique distribuée en trois langues dans le monde par le Groupe de travail franco-québécois sur la diversité culturelle créé à Québec, en décembre 1998, par les premiers ministres Lionel Jospin et Lucien Bouchard. Ce document remarquable demandé par les deux gouvernements aux professeurs Yvan Bernier et Hélène Ruiz Fabri a pour la première fois défini les grands contours qu’on allait plus tard donner à l’instrument. Et l’on voudrait que je m’émerveille de la présence de notre strapontin à l’Unesco quand on l’oblige à rester muet devant les manoeuvres américaines pour contrer la mise en œuvre de l’instrument, parce que l’Ottawa conservateur de notre temps ne veut plus prendre le risque de déplaire à Washington!
• Aujourd’hui, le Québec n’emploie à l’international, en raison de ses contraintes budgétaires, que des ressources financières, somme toute, de peu de conséquences. Il en résulte que, pour donner un exemple, dans la seule organisation internationale qui nous reconnaît une personnalité internationale, nos positions stratégiques se réduisent d’année en année. Nous pouvons de moins en moins influencer le cour des choses à TV5, à l’Agence universitaire de la Francophonie ou à l’Université Senghor parce que nous sous finançons TV5, l’Agence universitaire et Senghor.

• Faut-il mentionner tous ces autres organismes dont les priorités ne sont pas les nôtres, voire contraires aux nôtres? L’ACDI qui, par exemple, vient d’exclure le Burkina Faso, pays hôte du Sommet francophone de 2004, de la liste de ses pays prioritaires? À l’époque, le premier ministre Charest y avait pourtant fait de beaux discours avec effets de toge (pour employer son langage) sur la nécessité de la coopération Québec-Burkina-Faso. Aujourd’hui toutes ses gesticulations n’empêcheront pas les sables bitumineux de l’Alberta de peser plus lourd, d’être bien plus présents dans les décisions canadiennes à Copenhague, que la rhétorique québécoise sur la propreté de l’énergie hydroélectrique.

• Le déclin de notre influence dans tous les dossiers où nous ne pouvons agir directement est un mouvement irréversible, parallèle à notre déclin démographique au sein du Canada et au rétrécissement annoncé du poids de notre députation à la Chambre des Communes.

D’ailleurs, même lorsque nous formions une proportion plus importante de la population du Canada, nos priorités n’étaient pas, loin s’en faut, toujours prises en compte. Qu’on se rappelle la leçon de la deuxième guerre mondiale ! Les francophones formaient un tiers de la population canadienne. Mais le Canada anglais n’avait pas encore le courage de se tenir debout devant Londres. Il se sentit contraint de plier. Et, par suite de notre place inférieure dans ce jeu de dominos, nous dûmes nous aussi plier, y compris pour la conscription, pourtant repoussée lors du plébiscite de 1942 par 72 % des Québécois…


Quatrième point : la souveraineté aura pour effet primordial de mettre à la disposition du seul Gouvernement du Québec l’ensemble des moyens que la société québécoise accepte de consentir à l’action internationale de l’État.

• Un Québec souverain aurait eu, cette année, à l’international, en chiffres absolus, quinze à soixante fois plus de ressources que le Gouvernement actuel du Québec, selon qu’on compte ou non le budget du Ministère de la Défense. En effet, si l’on fait abstraction des crédits alloués à ce ministère fédéral, le budget des affaires internationales du Québec aurait eu, en 2009-2010, un ordre de grandeur de 1 milliard, cinq cents millions de dollars. (Il suffit pour parvenir à ce chiffre de transférer au Québec 25 % des ressources financières allouées au Ministère des affaires étrangères et du Commerce international du Canada (2, 6 milliards) et 25 % des ressources allouées à l’ACDI (3.2 milliards). La somme de 1 milliard et demie, devrait être multipliée par quatre si on y ajoutait 25 % du budget du Ministère de la Défense du Canada qui est aujourd’hui de 20 milliards.

• Les ressources financières, en cause seraient allouées en fonction des besoins de la société définis par le seul Gouvernement du Québec et des priorités d’action déterminées par lui seul.

• Le Gouvernement d’un Québec souverain aurait une totale liberté d’accès, non pas à un, mais à la totalité des pays membres des Nations Unies.

• Le Gouvernement d’un Québec souverain aurait les mains libres d’agir selon ses seuls choix, non pas dans une des organisations internationales gouvernementales, mais dans toutes les organisations internationales gouvernementales.



Cinquième point : définie à partir des seuls besoins de sa société, la politique internationale du Québec souverain sera substantiellement différente de celle du Canada.

Bien sûr, il serait illusoire de vouloir spéculer ici sur le contenu précis de la politique étrangère qu’un Québec souverain serait amené à se donner. Mais il faut noter que la réalité québécoise ne coïncidant pas, loin s’en faut, avec la réalité canadienne, elle aurait nécessairement une configuration propre.

Certes l’on devra s’en tenir « grosso modo » aux positions canadiennes dans certains grands dossiers comme ceux de l’OTAN et de l’ALENA où les intérêts du Québec sont très proches de ceux du Canada. D’ailleurs, l’ALENA que nous avons vigoureusement contribué à mettre sur pied sert, comme la mondialisation, ainsi que vient de le rappeler Jacques Parizeau, à nous rendre de moins en moins dépendants de ce marché canadien dont « Option Québec » était obligé, il y a quarante ans, de tenir le plus grand compte.

Par contre, la définition de la politique étrangère du Québec souverain devra s’interroger (et je compte sur les intellectuels pour la souveraineté pour nous appuyer dans cette démarche) sur tous les autres postulats de la politique étrangère canadienne peu liés aux intérêts profonds du Québec, voire contraires à ses intérêts, dont je donnerai seulement ici, quelques exemples :



• La réallocation des ressources du Québec employée à l’extérieur de ses frontières ne devrait-elle pas privilégier, en Amérique du Nord, beaucoup plus cet axe nord-sud de notre développement négligé depuis 1867 au détriment de l’axe est-ouest sur lequel a été fondée la fédération canadienne?
• La notion de multiculturalisme issue de la volonté de Pierre-Élliott Trudeau de contrer celle de peuple, de nation québécoise, ne devrait-elle pas être éradiquée de la constitution à venir du Québec? Notre politique d’immigration ne pourrait-elle pas être entièrement définie sur la base de l’invitation que nous faisons aux hommes et femmes du monde qui le souhaitent, de se joindre à nous, mais pour autant qu’ils soient d’abord prêts à vivre au Québec en respectant les lois d’un État démocratique, laïque, où l’homme et la femme comme tous les citoyens sont sur un total pied d’égalité, dont la langue française est aussi bien la langue officielle que la langue commune et qui, enfin, est soucieux du respect de son patrimoine historique?
• Le Québec ne devrait-il pas accorder, dans ses priorités, une place beaucoup plus grande à la Francophonie, notamment en la plaçant au cœur de sa politique d’aide au développement? De même, ne devrait-il pas davantage prioriser les deux autres grandes aires linguistiques qui, par delà les États-Unis, constituent avec nous, culturellement les Amériques, à savoir les pays d’Amérique latine qui ont pour langue l’espagnol et le Brésil de langue portugaise?

• Les équilibres « historiques » que le Canada a établis entre Europe, Commonwealth, Moyen-Orient et Asie Pacifique conviennent-ils vraiment aux besoins du Québec? Rien n’est moins sûr.


• Le Québec ne devrait-il pas aussi se libérer de l’ultime legs ambigu fait au Canada par le néocolonialisme britannique d’une monarchie surannée qui fait d’un monarque s’autoproclamant « choisi par la grâce de Dieu », l’Être exceptionnel que nos ambassadeurs représentent théoriquement de par le monde plutôt que les nations qui forment aujourd’hui le Canada? Peut-être avez vous été, comme moi, un petit peu gênés, en novembre dernier, lors des cérémonies du Jour du Souvenir, de voir un prince un peu âgé pour le port élégant du kilt écossais, passer en revue dans un gymnase de Montréal où il était entré par la porte de derrière par crainte des manifestants, passer les troupes en revue et, le lendemain, accompagné, pour semblable circonstance, par une gouverneure générale sans nul pouvoir revêtue d’un uniforme à seule portée théâtrale de commandant en chef des Forces armées canadiennes? Est-ce vraiment là l’image vieillotte que le Québec moderne veut toujours, sur le plan le plus symbolique, proposer de lui-même au monde et surtout à l’inspiration de sa jeunesse?

• Le Québec dont le territoire est à lui seul plus étendu que celui de n’importe quel pays d’Europe, hormis la Russie, ne pourrait-il faire de la question de la protection de l’environnement contre les changements climatique le centre d’une action internationale d’autant plus vigoureuse qu’elle serait libérée de l’obsession de l’exploitation des sables bitumineux de l’Alberta?
En d’autres termes, le Québec souverain ne devrait-il pas, à l’opposé d’Ottawa qui cherche en vain depuis tant d’années à jouer au G8 le rôle de la grenouille plus grosse que le bœuf, tirer plutôt la leçon la plus profonde de son combat pour la diversité culturelle, en assumant pour l’avenir à l’intégrale son rôle stratégique de petite nation? Car la réussite du combat pour l’environnement exige d’abord et avant tout une compréhension profonde des grands enjeux du monde d’aujourd’hui que les petites nations saisissent souvent mieux que les plus grandes de la terre.

x x x

La petite nation, comme nous l’exprime l’écrivain Milan Kundera relayé chez nous par Alain Finkielkraut et Antoine Robitaille, n’est pas petite « par sa taille ou sa superficie », mais plutôt « par son destin ». La petite nation est « celle dont l’existence peut être à n’importe quel moment remis en question et qui le sait ». Pendant que les grandes nations faisaient des hymnes qui chantent leur grandeur, les petites nations intègraient dans leur chair les exigences quotidiennes du combat pour la survie.

Or, aujourd’hui, le combat pour la survie est devenu le défi de notre planète tout entière. Les grandes nations ne le savent pas encore. Les petites nations, elles, le savent depuis leur premier jour. Elles ont avec une réelle avance développé, une expérience peut-être prémonitoire qui leur mériterait d’être aujourd’hui avantage entendues dans le monde.
Telle est ma confiance dans le poids qu’aura la parole du Québec souverain, cette « Nouvelle Norvège » si vous me permettez de terminer avec cette très belle image du poète Émile Nelligan.

Je vous remercie.

FIN DU TEXTE

Commentaires: Merci Madame Beaudoin de nous (m')entretenir sur le possible pays du Québec.
.
Revenir en haut Aller en bas
Sénateur
Prince de l'Acadie
Prince de l'Acadie
Sénateur


Masculin Nombre de messages : 4141
Localisation : Bathurst en Acadie
Date d'inscription : 17/02/2005

Louise Beaudoin: plaidoyer pour un pays du Québec Empty
MessageSujet: Re: Louise Beaudoin: plaidoyer pour un pays du Québec   Louise Beaudoin: plaidoyer pour un pays du Québec EmptyJeu 10 Déc 2009, 09:52

Citation :
soirée-débat organisé par les intellectuels pour la souveraineté.

I don't want that
Revenir en haut Aller en bas
francoquebecois
Prince
Prince
francoquebecois


Masculin Nombre de messages : 2846
Age : 63
Localisation : Montréal
Date d'inscription : 19/06/2006

Louise Beaudoin: plaidoyer pour un pays du Québec Empty
MessageSujet: Re: Louise Beaudoin: plaidoyer pour un pays du Québec   Louise Beaudoin: plaidoyer pour un pays du Québec EmptyVen 11 Déc 2009, 03:49

Sénateur a écrit:
Citation :
soirée-débat organisé par les intellectuels pour la souveraineté.

I don't want that

Voyons, Sénateur, il me semble que tu dois avoir la "couenne plus dure" que ça, pour être capable d'absorber tout ce texte....

....ou bien... tu veux nous signifier que tu portes vraiment ton nom de "Sénateur"... et, comme le font les vrais sénateurs, au Parlement d'Ottawa, les trois quarts de la "gang" s'assoupissent un peu, beaucoup, passionnément.., dès qu'ils le peuvent!!!
.
Confused Smile Laughing Twisted Evil What the fuck ?!?
.
Revenir en haut Aller en bas
Sénateur
Prince de l'Acadie
Prince de l'Acadie
Sénateur


Masculin Nombre de messages : 4141
Localisation : Bathurst en Acadie
Date d'inscription : 17/02/2005

Louise Beaudoin: plaidoyer pour un pays du Québec Empty
MessageSujet: Re: Louise Beaudoin: plaidoyer pour un pays du Québec   Louise Beaudoin: plaidoyer pour un pays du Québec EmptyVen 11 Déc 2009, 10:06

Ayoye. Les intellectuels de la souveraineté. Un tire ronflant en tab...

C'est quoi leur rôle ??? Tout comme le Conseil de la Souveraineté ou qq chose du genre.
Revenir en haut Aller en bas
AF
Prince
Prince
AF


Féminin Nombre de messages : 3408
Localisation : Au Québec
Date d'inscription : 02/03/2006

Louise Beaudoin: plaidoyer pour un pays du Québec Empty
MessageSujet: Re: Louise Beaudoin: plaidoyer pour un pays du Québec   Louise Beaudoin: plaidoyer pour un pays du Québec EmptyVen 11 Déc 2009, 21:10

"IPSO": c'est moins ronflant pour vous? Laughing

http://ipsoquebec.org/

Citation :
Présentation des IPSO

Les Intellectuels pour la souveraineté, mieux connus sous le nom d'IPSO, ont vu le jour le 21 juin 1995 avec le lancement de leur manifeste signé par 100 intellectuels québécois. Ils comprennent des gens des milieux de la recherche, des universités, de l'enseignement et de la culture qui ont tous à coeur le projet souverainiste québécois.

«Tant que l'indépendance n'est pas faites, elle reste à faire»
Gaston Miron


«Incertitude, doute, désespérance même : c’est là que gît le commencement.»
G.-A. Vachon


«L’histoire ne se fait pas seulement en avant; se souvenir, c’est aussi récapituler et recommencer.»
Fernand Dumont


AF sunny
Revenir en haut Aller en bas
CLOVIS
Marquis
Marquis
CLOVIS


Masculin Nombre de messages : 747
Age : 77
Localisation : France
Date d'inscription : 03/10/2006

Louise Beaudoin: plaidoyer pour un pays du Québec Empty
MessageSujet: Re: Louise Beaudoin: plaidoyer pour un pays du Québec   Louise Beaudoin: plaidoyer pour un pays du Québec EmptyLun 14 Déc 2009, 14:54

Après 250 ans de présence Francaise en Amérique les Anglais ont lourdé les Français.

Bon ça va faire 250 ans en 2013 qu'ils sont les maîtres, donc c'est temps de les virer, il n'y a plus une seconde à perdre.et de rentrer seul maître dans sa maison.

Vous n'allez quand même pas en reprendre pour 250 ans.
Aux urnes citoyens, formez vos bataillons, qu'un sang impur abreuve vos sillons De Terre Neuve à Saint Anne des Chênes(MA)
Elle est pas belle la Marseillaise ??
Revenir en haut Aller en bas
Contenu sponsorisé





Louise Beaudoin: plaidoyer pour un pays du Québec Empty
MessageSujet: Re: Louise Beaudoin: plaidoyer pour un pays du Québec   Louise Beaudoin: plaidoyer pour un pays du Québec Empty

Revenir en haut Aller en bas
 
Louise Beaudoin: plaidoyer pour un pays du Québec
Revenir en haut 
Page 1 sur 1
 Sujets similaires
-
» Plaidoyer pour la paix

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Forum de l'Amérique française :: Général :: Politique :: Politique québécoise-
Sauter vers:  
Ne ratez plus aucun deal !
Abonnez-vous pour recevoir par notification une sélection des meilleurs deals chaque jour.
IgnorerAutoriser