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 Les déchirements du français dans l’Ouest de l’Amérique

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AuteurMessage
gaulois
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gaulois


Nombre de messages : 2938
Localisation : Vancouver
Date d'inscription : 31/03/2005

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MessageSujet: Les déchirements du français dans l’Ouest de l’Amérique   Les déchirements du français dans l’Ouest de l’Amérique EmptyJeu 26 Nov 2009, 17:14

Une version antérieure était soumise hier à la presse pan-canadienne &médias pour la section "Idées" avec une grosse liste bcc. La version du Canard sera finale et le dernier article que j'y publierai! Disons que j'y mets le gros paquet: ça passe ou ça casse!


Les déchirements du français dans l’Ouest de l’Amérique

Vous êtes vous déjà demandés pourquoi l’Histoire des francophones de
l’Ouest canadien demeure-t-elle si mal connue? Des francophones ont
après tout été les premiers “européens” à explorer les Prairies, à
traverser les Rocheuses et à arriver sur la Côte Ouest. Au point d’en
habiter les lieux, de s’y métisser et d’en devenir les pionniers dans
une multitude de champs d’activités. Pourquoi alors ces héros ont-ils
été si peu célébrés de part et d’autre du “great language divide”?


Une riche Histoire
Venus de la vallée du Saint-Laurent durant les années 1800s, des
francophones ont été les premiers à apprendre les coutumes, langues et
cultures des autochtones dans un “Nord-Ouest” alors sans frontière. Ils
ont pris souche dans le territoire en s’accouplant avec ses premiers
habitants et en y commerçant. Les générations “métis” résultantes
intégraient les acquis les plus pertinents. Notons que beaucoup de
nouveaux arrivants francophones provenaient également d’une Europe en
révolution, apportant aussi avec eux de nouvelles connaissances et
attitudes.

D’abord engagés dans la traite des fourrures, la chasse et la pêche,
ces pionniers ont dû par la suite innover : agriculture, élevage,
mines, transport, hôtellerie et foresterie. S’est ajoutées l’éducation,
la santé, la presse, et même la gouvernance et les finances! Pas
question de s’arrêter, de nouveaux champs d’activités se sont
développés jusqu’à tout récemment : travail (syndicalisation),
mouvement coopératif, langues, multiculturalisme ainsi que survie
culturelle sous la mondialisation et la déréglementation des marchés!!!


Une passé/présent aussi riche devrait pourtant laisser de belles traces
et augurer d’un avenir prometteur. Le Canada se réclame d’intégration,
de bilinguisme, d’ouverture ainsi que de protection de ses minorités et
des services auxquels ils ont droit. De plus, compte-tenu
d’investissements massifs du Canada en matière de reprise du français
depuis une quarantaine d’années, on s’attendrait à ce que la “poubelle”
de l’histoire jadis écrite par les vainqueurs ait été abondamment
recyclée, que cette Histoire ait été mise en valeur et qu’il y ait
intérêt…


Les déchirements infligés par le pouvoir
Mais d’autre part, on entend souvent que l’Ouest du continent est
jeune, peu peuplé et sans Histoire. La majorité des Vancouverois, par
exemple, sont nés ailleurs. Donc, à quoi bon cette nostalgie? 200 ans,
ce n’est quand même pas rien quand deux civilisations entrent en
contact et que les francophones ont été les véritables témoins du
génocide des peuples qui les avaient jadis accueillis, sans compter les
déchirements et l’assimilation des populations métis. Imaginez les
manœuvres du pouvoir ayant eu cours lors de cette “poussée vers
l’Ouest”, compte-tenu de factions orangistes, francs-maçons, white
supremacists, KKKs, et une Église venue “évangéliser” ce bordel.
Serait-il possible que les séquelles du drame nous aient tous marqué
inexorablement, francophones, anglophones et allophones, minoritaires
et majoritaires, jeunes et vieux, nouveaux arrivants et gens de la
place sans en être conscients?

Une multitude de sociétés ont en effet été déchirées à travers
l’Histoire par des jeux de pouvoir implacables. Que les forces
d’intégrisme aient été religieuses, ethniques,
culturelles/linguistiques, raciales, ou encore idéologiques, les
déchirements qui en ont résulté ont été profonds. Continents, pays,
régions, communautés, familles, individus se sont vus divisés les uns
contre les autres. Trahison, honte, non-dits, dépendance,
acculturation, assimilation et une panoplie de fléaux sociaux s’en sont
suivis. Dans la plupart des cas, les opprimés ont pris la relève des
oppresseurs. Dans d’autres, les oppresseurs ont pu continuer
impunément. Ou encore les séquelles ont gravement marqué la société qui
en a résulté. Les drames se poursuivent généralement. Pensez à ce qui a
suivi le colonialisme, l’occupation de la France, le régime soviétique,
l’Allemagne “stasi” ou encore cette récente hégémonie américaine…


Le cycle de l’oppresseur/l’opprimé
De retour à l’Ouest canadien, qu’on se rappelle l’église catholique qui
refusait la communion à ceux qui appuyaient le leader Métis Louis Riel
dans ses dernières batailles ou encore le pouvoir qui accordait de
vastes territoires à ceux qui trahiraient les leurs. Imaginez la honte
qui s’en est suivie, les non-dits, et l’enterrement de cette Histoire!

Qu’on se rappelle le refus de l’église d’accorder l’absolution des
péchés à moins que la carte syndicale ne soit retournée par les
paroissiens/travailleurs du Fraser Mills de Maillardville lors d’une
grève brutale des années 30s. Ou encore les menaces d’excommunication
et exils des meneurs ouvriers. Est-il nécessaire de rappeler que la
main d'œuvre qualifiée jadis venue du Québec avait été jadis engagée
par les dirigeants britanniques avec l'aide de l'église "to whiten the
forest industry" aux prises avec des problèmes avec ses travailleurs
asiatiques? Imaginez les déchirements ayant eu cours après la "grande
dépression" dans une communauté déjà écrasée par les forces de
l’intégrisme WASP.

Plus récemment, certains se rappelleront du slogan “Sans peur ni faveur” du Soleil de Vancouver lorsque André Piolat créait ce journal en 1968 à la suite du refus du curé de publier les états financiers dans le journal L’Appel.
Ou encore ce Vice-Président d’une association francophone de Vancouver
qui se faisait évincer d’un conseil d’administration pour avoir osé
demander de voir le relevé bancaire de l’organisme!

Après
40 ans de régime de langues officielles, on continue à se faire dire
par des gens d’Ottawa qu’une meilleure application ou mise en œuvre de
la Loi nous serait plus salutaire. Que la Place de la Francophonie des
Jeux Olympiques ne compte à peu près aucun franco de la Côte Ouest. Que
BC Tourism demeure incapable de reconnaître un fait français local,
bavures après bavures. Que les Olympiades Culturelles impriment le
billet du Blue Dragon de Lepage uniquement en anglais. Que le Grand
Témoin n’ait aucune idée et que personne ne soit branchée. Les mêmes
actions produce the same results, ad nauseam. And the list goes on…

Imaginez l’impact de désengagement sur un francophone le moindrement
bilingue qui désirait pourtant s’intéresser à sa citoyenneté, sa langue
ou sa culture franco mise au défi! Cela alors que persiste la situation
que déplorait l’auteure Sharon Butala en 2005 dans Lilac Moon, un essai d’histoire de l’Ouest canadien : "What makes a Westerner? Our stubborn refusal to recognize the French fact."

Le pattern du “cycle de l’oppresseur/l’opprimé” est tellement manifeste
lorsque les gens déjà opprimés se déchirent sur des miettes au sujet de
leur prochain financement et ne peuvent qu’aspirer à remplacer
l’oppresseur. Imaginez la honte, les non-dits, ainsi que l’enterrement
du Passé, du Présent et de l’Avenir! Imaginez l’impact sur la prochaine
génération, les francos de la place et les nouveaux arrivants!


Épilogue
Cela dit, l’adage “ce qui ne te détruit pas te rend plus fort” vient
en tête. Comment donc alors mettre cette Histoire en valeur? Si le
cycle d’oppression continue à se perpétuer tel que le postule ce
manifeste, on comprendra donc pourquoi l’Histoire est gardée sujet
tabou par la dernière vague d’oppresseurs. Il n’y a alors pas de héro à
célébrer, ni de vilain à signaler. Le cycle est donc ainsi perpétué aux
dépens du moral des troupes, de la prochaine génération, de nos
nouveaux arrivants, etc.

L’Église a bien sûr perdu sa
pertinence pour avoir jadis abusé de sa situation de pouvoir. Puisque
l’État a en grande partie remplacé le rôle de cohésion sociale de notre
institution patrimoniale, peut-on se demander ce qui a remplacé le
“haut clergé”, la “liturgie”, la "communion", la "confesse", les
“messes”, et le “perron de l’église” là où jadis les problèmes se
réglaient. Comment est-ce que “l’exclusion” se pratiquerait dorénavant
et comment les “paroissiens” ont-ils été isolés et se sont-ils
démobilisés des abus de pouvoir? De retour à l’Histoire comme guide,
les Métis partaient à la recherche de nouveaux territoires où ils ne
seraient plus opprimés et pourraient poursuivre leur travail de
pionniers, aux dépens malheureusement de leur langue patrimoniale. Oui
de grosses questions peuvent et doivent être posées sur comment le
cycle d’oppression continue à se manifester et comment y mettre fin.

En tant que franco/anglo vivant en milieu minoritaire ou “nouveau
métis” de longue date, l’Histoire m’a enseigné comment les forces
d’intégrisme de part et d’autre du “great language divide
nous ont systématiquement décimés. L’exorciser de ses démons demeurera
vraisemblablement une tâche ardue mais combien valorisante pour pouvoir
un jour pardonner. Vous en sortirez la tête haute, fier de ce que ceux
qui vous ont précédé ont pu réaliser malgré tout, avant de passer le
flambeau aux prochains!


"Real changes must start with individuals, then the family, then the community"
Le Dalai Lama


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