Pratiquer la francophonie 1.0 dans un monde web 2.0

Dans son billet Canadian Political Parties Practice Politics 1.0 in a Web 2.0 World, Michael Geist expliquait le décrochage des gens de la politique en terme d'un monde pris dans le 1.0 alors que la population fonctionne de plus en plus dans un monde web 2.0. Et les institutions se trainent les pieds, tel qu'en politique. Geist offre le remède suivant inspiré par la campagne de Barack Obama:

Citation :

Part of the reason may stem from the Canadian approach to political campaigns, which emphasizes advance planning with each day fully scripted. Far from the decentralized model that thrives online, Canadian political parties have embraced the exact opposite - a model of top-down, hierarchical messaging with even local candidates constrained and required to follow a common playbook.

This low-risk, low reward approach does little to inspire the public, instead seeking to solidify existing support. It also leaves millions of Canadians on the sidelines as they see little reason to become political engaged or active. Indeed, by the measure of voter turnout, virtually all the parties were losers with more than a million lost votes combined for the Conservatives, Liberals, and New Democrats (each party received
fewer votes in 2008 than they did in 2006).

How can these parties counter voter apathy and low turnout, particularly among younger Canadians?

U.S. Presidential candidate Barack Obama's successful online campaign, developed by technology executives in Silicon Valley, points the way. While the Obama campaign has the proverbial presence on Facebook, MySpace, YouTube, and Twitter, it has recognized that the Internet is not just a broadcast medium. More importantly, it is a communication and participation tool that can be used to empower and engage the public in the hopes of attracting both the undecided and the uninvolved.

The Obama website offers a multitude of opportunities for participation, many of which occur with no campaign involvement or oversight. Tens of thousands of local meetings have been organized through the site, chapters on university campuses and smaller communities have used the site's tools, and the campaign itself has generated millions of dollars through online contributions.

Moreover, both Obama and Republican nominee John McCain have supported open licensing for the presidential debates so that the public can use the footage to create their own videos and engage more actively in the political process. No similar initiatives occurred in Canada. As a result, while the U.S. electorate gets primary debates sponsored by Facebook and thousands of user generated clips posted to YouTube, Canadians get pooping puffins.

Failure to mobilize millions of voters ultimately costs all the political parties. The Internet will not solve all voter apathy issues, but following businesses' lead by developing an online strategy that reflects opportunities for empowerment is the right place to start.

La chronique "Sur le web" de notre diffuseur public relevait la réflexion de Geist mais ne l'a pas appliqué à soi-même, i.e. l'institution des médias. Ravi de venir à la rescousse une autre fois, le Canard leur soumettait le commentaire suivant:

Citation :

L'arroseur 1.0 arrosé 2.0

Nos médias de masse demeurent en grande partie pris dans le web 1.0 bien que la population soit définitivement dans une ère du 2.0.

La perte d'intérêt que les jeunes ont dans ces médias devrait pourtant inquiéter l'arroseur. Non?

Cette chronique n'aurait pas fait le pas 2.0 à en juger par le peu de rétroaction.

Hmm. L'institution du diffuseur public en milieu minoritaire est-elle prise dans le 1.0 parce que celle de la francophonie est prise dans le 1.0? Qui donc mettra de l'avant une véritable "online strategy that reflects opportunities for empowerment"? Devra-t-on se le faire dit en angla par un anglo au sujet de la francophonie et de ses médias avant qu'on écoute?

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"Ici avec vous"? Pas sur le web 2.0 parce que présentement, veut, veut pas, "l'empowerment" se passe en angla parmi jeunes et moins jeunes. Et le "contexte de faible mobilisation citoyenne" ne s'en porte guère mieux.

gaulois tu as un côté obscure !

c'est quoi cette histoire de web 1 et web 2 , j'y comprend rien !!!!

Victorserge0 a écrit:

gaulois tu as un côté obscure !

Mets-en! (ainsi que pour Michael Geist)

web 1.0 = l'internet est un medium de "broadcasting" controllé par quelques uns - le vieux paradigme de "command&control" qui régit nos sociétés depuis toujours

web 2.0 = l'internet est un medium de collaboration dans lequel le contrôle est distribué à travers la base qui le soutient - un nouveau paradigme d'organisation sociale; wikipedia en est un excellent exemple

Pour en savoir plus: http://fr.wikipedia.org/wiki/Web2.0 (ainsi que la campagne de Barack Obama sur le web selon Geist). Le forum du FAF serait plutôt du web 1.5.

A l'origine le Web a toujours été 2.0. Je l'ai souvent pris comme exemple d'un système autogéré grâce à la technologie qui enverrait toutes nos structures - gouvernement, police, contrôle du citoyen - à la fameuse poubelle de l'histoire.

Cela n'a pas été le cas vus les forts intérêts en jeu, mais on y arrivera, de la même façon que nous nous sommes débarrassés de (presque) tous les rois.

Mon billet du jour:

Le clergé médiatique évangélise pour une loi provinciale de services en français

C'est Stéphane Dion qui parlait de clergé médiatique devant Christiane Charette lors de la dernière campagne électorale, de quoi se demander comment la situation se présente en milieu minoritaire là où il n'y a à peu près pas d'alternative médiatique viable, en français etk. Par exemple, l'éditorialiste Sylviane Lanthier reprend cette semaine au journal franco-manitobain de La Liberté les propos de Michel Bastarache, ancien juge de la Cour suprême, tenus devant l’assemblée générale annuelle de la Société franco-manitobaine (SFM). Elle réitère "Que ferait une loi sinon donner un encadrement, un sens, un but commun à une série d’initiatives éparpillées?" avant de conclure: "Sur l’adoption d’une loi sur les services en français, toutefois, le Manitoba a pris du retard. C’est pourtant une province qui n’a pas de raison d’être frileuse, quand on constate tout ce qu’elle a accompli. Et puisqu’on en est là, justement, puisqu’on a accompli tous ces progrès, la suite logique, c’est la loi."

Avant de conclure sur la suite "logique" des choses, reprenons "ce qui a été vraiment accompli" à ce jour en soulignant cette participation citoyenne absolument anémique de 142 canadiens à l'échelle de tout le pays lors de la consultation publique de Bernard Lord sur la dualité linguistique à l'hiver dernier pour engager des fonds publics de 1.1 milliard de dollars! Stephen Harper&Co. se sont fait bien frileux par la suite en ne dévoilant aucun détail sur ce qui apparemment nous serait vital. Notons par ailleurs qu'aucun membre du clergé médiatique n'a souligné la participation d'un nombre équivalent de groupes d'intérêt, question de remettre en question cette consultation bidon et les clubs privés qui y sévissent. De quoi se demander si le clergé médiatique représente un autre groupe d'intérêt opérant en copinage. Aucun membre du clergé n'a eu le courage non plus de déplorer l'absence totale de couverture de l'aberration de cette participation dans nos médias.

Les bancs d'église sont vides de toutes évidences, alors à quoi bon? Les francos en milieu minoritaire seraient-ils devenus comme des catholiques qui ne croient plus et ne pratiquent plus??? Est-il juste maintenant de se demander si les bancs d'église se rempliront de nouveaux fidèles en les "encadrant" par une voie institutionnelle législative provinciale? Ne devrait-on pas se demander plutôt si le cancer des groupes d'intérêt continuerait à contribuer à vider ces bancs d'église? Nos médias auraient intérêt à engager le discours civil avec les francos plutôt que de le désamorcer constamment en servant de simple courroie de transmission. Doivent-ils maintenant appuyer le pouvoir des élites qui se repositionnent dorénavant au provincial suite à leurs échecs au fédéral et la dévolution en cours amorcée par Harper&Co?

Parlant de qui "a pris du retard" et des pires retards avec les pires conséquences, l'adoption d'un environnement médiatique moderne ne devrait-elle pas être signalée par notre clergé? Notons par exemple qu'aucun membre de notre clergé médiatique n'utilise des hyperliens ou la formule du blogue pour communiquer en 2008. Un courrier de lecteur ne peut pas non plus les utiliser, de peur que le lien aboutisse en enfer. La production de nos contenus évolue au gré de l'imprimatur accordée par quelques rares prélats. Le réseautage social web2.0 à la Facebook est à peu près autant encouragé que le rock ou la danse du "slow" l'étaient autrefois devant la peur du péché...

Le pape "réformateur" Jean-XXIII reconnaissait à la fin des années cinquante que son Église ne rejoignait plus ses fidèles dans un monde en révolution. La messe en latin ne passait plus, ni la hiérarchie et ni les abus de pouvoir. Il proposait lors de Vatican-II:

Citation :

Par le Concile, en tenant compte des erreurs, des besoins et des possibilités de notre époque, ce magistère sera présenté aujourd'hui d'une façon extraordinaire(...) Ce qui est très important pour le Concile œcuménique, c'est que le dépôt sacré de la doctrine chrétienne soit conservé et présenté d'une façon plus efficace.

Reprenant la réflexion de Pratiquer la francophonie 1.0 dans un monde web 2.0, s'il y a une "suite logique" à prêcher en 2008 en matière de francophonie, c'est bien celle de la nécessité de disposer d'un environnement médiatique moderne sur lequel les francos peuvent faire la part de leurs priorités plutôt que de se faire sermonner continuellement par des groupes d'intérêt en quête de leur prochaine source de financement. Des réflexions collectives portant sur le rôle de nos médias en milieu minoritaire ou encore sur une politique linguistique de promotion du français (-vs- le bilinguisme officiel) tel que proposée par Impératif-Français pourraient alors prendre place. S'il y a un véritable besoin d'encadrement législatif, peut-être faudrait-il à tout le moins prendre connaissance de la charte de réforme médiatique de Media Carta de l'organisme de contre-média Adbusters. Les derniers francos qui "croient" et "pratiquent", ou pire encore, les "born-again" réincarnés seraient ainsi mieux à même de passer la bonne parole ... dans la bonne langue. La prochaine génération et la nouvelle immigration seraient alors mieux inspirées pour assumer la relève!

Le Canard du clergé "born again"