"He does not speak English. [...] Maybe Russian"
Le phoqueoppe du corps policier de la gendarmerie royale tel que saisi sur la caméra citoyenne de Paul Pritchard fait frémir et coupe le souffle vital de celui qui l'observe, tel ce pistolet Taser et l'assaut final sur ce visiteur étranger venu immigrer paisiblement dans une nouvelle terre d'accueil. La nouvelle est maintenant portée à la Une de la BBC et des médias internationaux. On parle d'un premier cas canadien de Rodney King pour lequel la présence d'un citoyen éveillé (en dépit d'un vol de l'orient) change la donne fondamentalement. Cela à moins de trois ans du grand spectacle des JOs de 2010 où on nous dit que la "sécurité" disposera de "budgets considérables". Oh boy...
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Les policiers présents n'étaient-ils pas en fait plus incohérents que Dziekanski? sans toutefois avoir l'excuse d'un long vol via Frankfurt, d'une période interminable d'attente à l'aéroport de Vancouver, de l'inexpérience dans un aéroport international, de la méconnaissance de "la" langue du pays et enfin de l'angoisse de savoir qu'une mère vieillissante est en attente quelque part ailleurs dans l'aérogare.
Les relations publiques de la gendarmerie royale nous mettent en garde que nous n'avons pas tout le contexte qui entoure cet événement à l'observation de ce vidéo. Souffrent-ils eux aussi d'incohérence et voulons-nous vraiment en savoir davantage??? Bien présent pourtant est le "contexte" de l'épisode du "pepper spray" par le même corps policier, des multiples enquêtes "internes" ayant court à la RCMP, ou encore celui de la saisie chez notre ancien premier-ministre Glenn Clark pour une affaire de ... balcon liquete aux médias. Certes pas une caméra citoyenne...
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Le choc n'en est pas moindre sous un regard ou une écoute franco. Comprenant bien les angoisses de ratées dans les rapports entre les langues, le Canard se demande pourquoi n'y a t'il pas eu *aucun* effort pour communiquer en français avec Robert Dziekanski et possiblement désamorcer une situation tendue? Le Canard connaît pourtant personnellement plusieurs canadiens d'origine polonaise qui s'expriment *très bien* en français, une langue internationale qui mérite le respect en Europe. Par ailleurs, s'il est un service gouvernemental que le Canard a appris à apprécier, c'est bien celui de se faire accueillir dans sa langue lorsqu'il retourne au Canada.
Au risque de se faire accuser de récupération inappropriée de ce sordide phoqueoppe, peut-on se demander si Robert Dziekanski serait en vie aujourd'hui si le personnel de la gendarmerie royale avait fait les efforts nécessaires "d'interopérations linguistiques" plutôt que d'utiliser le bouton d'une technologie pour lequel les conséquences n'étaient manifestement pas comprises. Le Canard croit que la gendarmerie royale doit se questionner bien au-delà de la "technologie" et des "procédures" dont son personnel faisait fi in the Robert Dziekanski affair.