.... dont les "coupures" de Harper
Pour une fois, je suis d'accord à 100% avec ce journaliste de POWER CORPORATION:
http://www.cyberpresse.ca/article/20070609/CPOPINIONS/706090673/5034/CPOPINIONS
Il suffit d'un court séjour à Ottawa, ces jours-ci, pour constater que ça sent la fin de session à plein nez. Pas seulement parce que nous sommes en juin, mais parce que le gouvernement Harper tourne à vide et que le Parlement passe le temps en attendant les grandes vacances.
On parle d'ailleurs de plus en plus d'une prorogation du Parlement (et non pas seulement d'une fin de session), ce qui permettrait au gouvernement de tuer quelques projets de loi embêtants (comme celui du député libéral Pablo Rodriguez sur le respect des objectifs de Kyoto). Surtout, cela permettrait à Stephen Harper de présenter un discours du Trône à la rentrée pour relancer son gouvernement, qui tourne en rond depuis plusieurs semaines.
Et comme la nature a horreur du vide, l'absence de plan du gouvernement est comblée par ses ratés et ses mauvais coups.
Après avoir passé la première année de son mandat à remplir avec détermination et efficacité ses promesses électorales dans l'espoir de convaincre les Canadiens de lui donner une majorité, Stephen Harper s'évertue ces temps-ci à leur donner des raisons de ne pas lui faire cette fleur.
En politique, ces temps-ci, la mode est aux «vraies affaires». C'est ce qui a fait le succès de Mario Dumont et de Stephen Harper. En cette fin de session, toutefois, le gouvernement Harper fait plutôt dans les p'tites affaires. P'tites affaires, dans le sens de peccadilles, mais aussi de mesquinerie.
Un exemple parmi d'autres: la décision du gouvernement de sabrer dans Emploi-carrière-été, un populaire programme de subventions d'environ 85 millions destiné aux entreprises qui embauchent des étudiants. Même le ministre des Ressources humaines, Monte Solberg, s'oppose à cette décision, au point où il a demandé à ses adversaires libéraux de maintenir la pression sur son propre gouvernement.
Il y a aussi l'acharnement du gouvernement Harper à couper le Programme de contestation judiciaire, qui permet aux minorités de recevoir une aide financière quand elles engagent une contestation contre un gouvernement (l'exemple le plus connu étant la sauvegarde de l'hôpital Montfort par les francophones d'Ottawa opposés au gouvernement Harris).
La logique du gouvernement Harper est la suivante: «Le gouvernement ne peut tout de même pas financer des groupes qui s'en prennent à ses décisions.» Selon les conservateurs, les minorités n'ont qu'à s'autofinancer par des collectes de fonds ou encore en trouvant de généreux bienfaiteurs dans leurs rangs. Et au diable le devoir du gouvernement d'assurer protection et égalité à tous ses concitoyens, et en particulier aux minorités.
Si on suit cette logique, on devrait aussi faire des confettis avec la Charte des droits et fermer la Cour suprême, dernier rempart des minorités. Un coup partis, abolissons aussi le poste du Commissaire aux langues officielles et celui du Vérificateur général, deux empêcheurs de tourner en rond qui dénoncent régulièrement le gouvernement.
Et pour ajouter l'insulte à l'injure, la secrétaire parlementaire du premier ministre, de la Francophonie et des Langues officielles (notez le titre!), la députée Sylvie Boucher, s'est permis cette semaine de réprimander des groupes de francophones qui se sont liés à l'opposition pour réclamer le maintien du programme. La pauvre députée a été «personnellement blessée» que ces groupes aient rencontré l'opposition après que son gouvernement eut paralysé le comité des langues officielles. On est habitué de voir les députés conservateurs du Québec marcher à l'ombre et se taire, mais là, vraiment, on tombe dans la soumission.
Ce n'est pas tout. En cette fin de session, le premier ministre a aussi affirmé que le chef libéral, Stéphane Dion, ne pouvait poser de questions sur la mission canadienne en Afghanistan parce qu'il n'a jamais porté l'uniforme militaire! Si cela devient la norme, nous serons nombreux à ne plus pouvoir aborder cette question.
Restons néanmoins dans le sujet. La palme de la mesquinerie revient probablement au ministre de la Défense, Gordon O'Connor, qui a forcé des parents à se rendre à Ottawa pour se faire rembourser les funérailles de leur fils, mort en Afghanistan. Comme quoi avoir porté l'uniforme (M. O'Connor est un militaire de carrière) n'est pas une garantie de sagesse.
Le festival de la petitesse politique s'est poursuivi en Europe, où Stephen Harper a joyeusement planté les libéraux pour leur inaction sur le front environnemental durant leur long séjour au pouvoir.
M. Harper a raison sur le fond, mais le décorum veut que l'on ne traîne pas son linge sale en voyage pour le déballer devant les gens qui nous invitent. Les affaires intérieures canadiennes ne regardent que les Canadiens.
Mais M. Harper aime bien briser les conventions, comme celle qui veut qu'un premier ministre ne fasse pas campagne dans les élections partielles. Qu'à cela ne tienne, M. Harper, qui n'a pas mis les pieds au Québec depuis des lunes, y débarquera pour aider ses candidats dans Outremont (ces prochains jours) et Roberval (en pleine Saint-Jean-Baptiste).
Ajoutez à cela le mitraillage de publicités extrêmement négatives contre Stéphane Dion, et cela donne un portrait assez moche. Pas convaincu? Allez voir le site anti-Stéphane Dion du Parti conservateur (www.pasunleader.ca, ou www.notaleader.ca), où le chien du chef libéral, Kyoto, tient un faux blogue.
Rarement la politique canadienne sera descendue aussi bas.
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